« Peu importe le client, il faut toujours garder le sourire ». Sylvie, 42 ans, travaille dans un point de vente d’une grande entreprise spécialisée dans la boulangerie. Résidant à Fameck, la vendeuse parcourt 40 kilomètres tous les jours pour aller travailler. « Je vends les articles confectionnés par les boulangers. Il faut connaître des notions de base du genre les matières utilisées à la fabrication, la durée de conservation des produits…. C’est important car la clientèle demande parfois des détails ou des conseils pour savoir quoi choisir. Les trois quarts de nos clients sont sympas et aimables. Il y a des habitués que l’on voit tous les jours, on apprend à les connaître quand ils viennent prendre un café le matin ou un sandwich entre midi ».

Elle poursuit, partagée entre amertume et ironie : « Pour les autres, je me demande si ça ne dépend pas de la lune. Ils n’ont aucune politesse, pas de « bonjour » ni d’« au revoir », rien. Ils demandent juste leur baguette et partent en ronchonnant. Les premiers mois ça surprend, on s’y habitue et on laisse passer. C’est toujours désagréable mais il faut faire avec ».

Les langues s’apprennent sur le terrain

Beaucoup d’étranger travaillant au Luxembourg prennent juste un en-cas le midi. Sylvie en reçoit des dizaines et a appris les langues étrangères sur son lieu de travail. « Je ne maîtrisais aucune langue au début. Ça s’apprend sur le tas. J’avais quelques notions d’allemand, ça aide beaucoup pour le luxembourgeois. Il y a aussi quelques portugais. J’ai juste appris les rudiments de leur langue avec la pratique. Quand tu fais tes études en France, tu apprends généralement assez mal les langues étrangères, quand tu es sur le terrain, ça va beaucoup plus vite ».

« Pour trouver un emploi, le Luxembourg, c’est vraiment mieux que la France »

La frontalière française travaille 40 heures par semaine et touche le salaire minimum pour un employé non qualifié. « Je gagne 1600 euros par mois car je n’ai pas de grand diplôme. En France, J’avais passé un CAP Boulanger puis travaillé dans plusieurs petites boulangeries en Moselle, la dernière avait mis la clé sous la porte. J’ai cherché du boulot pendant deux ans en Lorraine, sans jamais rien trouvé. Une de mes cousines m’a trouvé ce poste au Luxembourg. Ils m’ont tout de suite prise en CDI. Pour trouver un emploi, le Luxembourg, c’est vraiment mieux que la France ».

Réaliste, Sylvie reconnaît que sa principale source de motivation reste son salaire plutôt que l’amour pour son travail. « Je ne sais absolument pas combien de temps je vais continuer à faire ce métier. Je n’ai aucune passion, à part me lever et gagner ma vie. Mais il y a une bonne ambiance, je m’entends vraiment bien avec mes collègues. Je suis célibataire et je n’ai pas d’enfant, j’ai la liberté de faire autre chose si l’occasion se présente ».

* le prénom a été modifié