Les retards récurrents du salarié peuvent-ils justifier un licenciement avec préavis ?
Publié
par
CaptainListe
le 08/06/2015 à 04:06
Difficile lorsqu’on est frontalier de ne pas connaître les affres de la route ou du rail. Bouchons, accidents, retards en gare font partie des angoisses, voire des cauchemars qui rythment quotidiennement les matinées des salariés qui n’ont qu’un objectif : éviter d’arriver en retard sur leur lieu de travail.
Car si certains employeurs se montrent conciliants, d’autres ont tendance à perdre rapidement patience. Un retard ça va, mais plusieurs, bonjour les ennuis, avec comme corollaire l’inquiétude de son avenir au sein de l’entreprise.
Mais des retards successifs peuvent-ils justifier un licenciement ?
Un arrêt récent de la Cour d’Appel, rendu le 30 avril 2015, vient d’apporter un éclairage tout particulier sur cette question.
Dans le cas d’espèce, une salariée, occupée en tant que puéricultrice au sein d’une crèche depuis 2008, s’était vue reprocher par son employeur d’arriver régulièrement sur son lieu de travail avec 10 minutes de retard.
Après avoir modifié les horaires de sa salariée, espérant sans doute un impact positif sur sa ponctualité, l’employeur arriva au constat que celle-ci continuait d’arriver en retard.
Ce fut notamment le cas à 3 reprises, les 12 et 14 octobre 2010 et le 20 décembre 2010. Les retards, plutôt conséquents (environ 1 heure à chaque fois), conduisirent l’employeur à procéder au licenciement de sa salariée.
Celle-ci fit valoir que ses retards ne suffisaient pas à justifier son licenciement pour plusieurs raisons :
Tout d’abord, pour toute l’année 2010, ces retards n’avaient jamais dépassé 10 minutes.
Ensuite, en date des 12 et 14 octobre 2010 des travaux sur la route l’avaient empêchée d’arriver à l’heure.
Enfin, en date du 20 décembre 2010, son retard était dû aux fortes chutes de neige.
Par ailleurs, la salariée indiqua qu’elle avait toujours informé la crèche de ses retards, et fit plaider que ces derniers n’avaient pas perturbé l’organisation de la crèche alors que ces collègues pourvoyaient à son remplacement temporaire.
Elle fit également valoir qu’elle raccourcissait sa pause et restait plus tard le soir afin de rattraper ses heures.
Malgré ces arguments, ni le Tribunal du Travail, ni la Cour d’Appel n’ont donné raison à la salariée.
La Cour, après avoir constaté, eu égard aux pièces versées aux débats, que l’ensemble des retards était établi, se pencha sur les 3 retards de la fin d’année 2010 et motiva sa décision comme suit :
« En ce qui concerne le caractère exceptionnel des retards invoqués par [la salariée], la Cour est d’avis que ni les travaux au tunnel de Howald en octobre 2010, ni les mauvaises conditions météorologiques en novembre et décembre 2010, voire le blocage de l’autoroute le 20 décembre 2010 en raison de la neige, n’étaient imprévisibles et insurmontables, et qu’il aurait appartenu à [la salariée] de prendre les mesures nécessaires afin d’éviter des retards prévisibles. ».
Par ailleurs, la Cour a estimé que même si les retards de la salariée étaient compensés par ses collègues qui pourvoyaient à son remplacement, « il n’en demeure pas moins que l’organisation de la crèche était affectée par le manque de ponctualité de [la salariée], la [crèche] ne pouvant pourvoir qu’au dernier moment au remplacement de [la salariée] ».
Ainsi, la Cour d’appel a jugé que c’était « à bon droit que le tribunal a retenu que par ses retards systématiques, la salariée avait adopté une attitude désinvolte de nature à ébranler la relation de confiance qui doit exister entre un employeur et son salarié et qu’il a déclaré le licenciement avec préavis du 29 décembre 2010 fondé et la demande de [la salariée] en réparation du préjudice subi du fait de son licenciement abusif non fondée ».
Une chose est sûre, cette décision n’a pas fini de faire parler d’elle.
Mais n’oublions pas, comme le disait si bien Jacques STERNBERG : « Arriver tous les jours à son travail avec une heure de retard est un signe de ponctualité ».
Me Pascal Peuvrel Avocat à la Cour [email protected] |
Me Franck SIMANS |
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Les employeurs n'ont qu'à proposer des salaires nous permettant d'habiter au Lux!
christelle5742
Il faudrait voir ce que "reguliairement est dans ce cas" plusieurs fois par semaine, par mois, ou une dizaine de fois ds l'année...pas toujours facile entre circulation, travaux,... et surtout accidents quotidiens a moins de prevoir tres large quitte a arrivé 30 min a l avancequi ne s est pas deja fait avoir par la route ou les conditionscerte si les retards sont vraiment répétitifs (plusieurs fois par semaine ou mois cela est rageant pour l employeur et/ou collegues et peut a terme conduire au licenciement mais ds bien des cas la n est pas le réel motif du licenciement
Par contre en ce qui concerne l'article, le sujet est bon et utile, c est bien d'en parler Mais je trouve déplacé de donner autants de details. Pour moi un bon message doit certe avoir des details et exemples mais pas aussi ciblés; ca n apporte rien de préciser: année, dates précises, le fait qu'il s agisse d'une puericultrice, ..???
Olihal
Les travaux du tunnel de Howald avaient fait l'objet d'une information et les problèmes de circulation en découlant totalement prévisible.
Certes: mais il y avait beaucoup de différences selon les jours (je me le suis tapé tous les jours pendant les travaux ce tunnel)
fredlwiltz
Les travaux du tunnel de Howald avaient fait l'objet d'une information et les problèmes de circulation en découlant totalement prévisible.
De plus le Tribunal comme la Cour retient de multiple retards certes de 10 minutes qui persistent alors que l'employeur a concédé des aménagements d'horaires cela démontre une totale désinvolture.
Ce changement d'horaire de travail démontre que l'employeur a au minimum santionné d'un avertissement et démontre que l'employeur à fait preuve de bonne volonté contrairement à l'employée.
denigor
il est facile de déplorer la décision du tribunal.
que faites-vous si vous voulez déposer votre enfant à la crèche, et qu'elle n'est pas encore ouverte parce que les puéricultrices sont en retard? et que dans ce cas, vous restez 10min, 1h dans le froid ou dehors à attendre?
je doute que votre patience résiste.
SuperRoussy
La conclusion du tribunal ne semble pas incohérente, par contre les arguments sont vraiment pourris en demandant à l'employée de prendre les devants.
Et avant de virer la personne, l'employeur avait encore quelques autres cartes: avertissements, sanctions financières...ce qui rejoint la sanction que le client peut donner à la crèche si les services ne sont pas honorés.
oadin
Je serai surtout curieux de savoir si ces chers juges, avocats et personnel du tribunal avait été a l'heure ce fameux jour de neige...
Je me souviens être parti de chez moi en 2010 a 5h du matin comme tout les jours et je suis arrivé a midi au travail....
Ne suis je pas prévoyant en anticipant 4h de trajet? et bien non raté il m'en a fallut 7.... fatigué en arrivant ben j'ai rien fait de la journée... très interressante comme journée de travail, on ne m'en a pas tenu rigueur car personne n'est arrivé avant moi et que pouvais je faire d'autre. C'est pratique lorsque l'on annule les trains pour cause climatique alors que c'est la solution de secours quand les routes sont impratiquable.
djodjo57
Heureusement que j'ai jamais eu les mêmes patrons sinon j'aurai été viré plusieurs fois par an ^^
Olihal
Chutes de neige prévisible certes, mais pas le bordel que cela avait occasioné sur les routes, mais bon surement un juge qui habite le centre de Lux-ville
BlackClaude
ils ne peuvent pas lui donner raison, ça créerait un précédent qui pourrait être fortement abusé, en particulier vu la situation sur les routes
SuperRoussy
J'adore la réponse évasive du tribunal:
"et qu’il aurait appartenu à [la salariée] de prendre les mesures nécessaires afin d’éviter des retards prévisibles."
Voilà, comment on place la patate chaude des transports, de la circulation au niveau de l'individu alors que l'état y est pour beaucoup.
Si le tribunal est si malin, qu'il publie une liste de solutions efficaces (en évitant les solutions débiles: dormir sur le lieu de travail ou à sa porte, dans sa voiture garée à coté, partir 5h plus tôt...).