A l’époque, elle a brassé large. L’équivalent « d’un classeur » de candidatures spontanées, de réponses à des petites annonces. Quand elle a fait le tri parmi les retours, pas ou très peu émanaient d’entreprises françaises.  « Et c’était dans les années 90. Alors maintenant… » Sans n’avoir jamais connu le marché de l’emploi hexagonal, Alexia se montre catégorique lorsqu’elle compare les deux voisins. « Il est plus aisé de décrocher un entretien ici, il n’y a pas photo. Ce n’était pas un choix délibéré de venir au Luxembourg mais plutôt une décision liée à la conjoncture. » Près de vingt ans plus tard et autant en poste de secrétaire, rien ou presque ne saurait la convaincre de rentrer au pays. « Il me faudrait vraiment un temps partiel aménagé. » Autrement dit, « une fois qu’on y a goûté, difficile de s’imaginer régresser. » Par régression, elle pointe implicitement la différence considérable d’émoluments mensuels. « En France, c’est le SMIC [NDLR : le salaire minimum français] soit 1300 euros, précise-t-elle, relayant certains échos. Je peux bien doubler cette somme voire même un peu plus.»

 

« On râle quand même à chaque fois. »

Celle qui a d’abord exercé au sein des institutions européennes est désormais rompue à la routine « auto-boulot-dodo. » La combinaison train-bus devenue trop peu pratique, la voiture et ses tracas s’imposent. Une heure et quart matin et soir sur la route, fourchette variable en fonction du climat, d’un accident, ou d’un passage de trois à deux voies, « c’est entré dans les mœurs, même si on râle quand même à chaque fois », sourit Alexia. Sa chance réside dans la localisation de sa société implantée à deux pas de la frontière belge. « Je suis plus rapidement sur l’autoroute et je mets moins de temps que si j’étais au centre ville. » Paroxysme de la pénibilité du trafic, l’hiver et ses journées abrégées, « quand on part la nuit et qu’on rentre la nuit, bien que cela soit surtout du aux heures supplémentaires », fréquentes dans son secteur.

 

« Je ne vais pas me plaindre. »

Une organisation pas toujours sans conséquence en privé. Toutefois, si elle reconnaît avoir « connu des moments un peu embêtants, je ne vais pas me plaindre », loin s’en faut. Au sein d’un organisme où transitent nombre d’étrangers, Alexia n’a jamais eu à subir l’hostilité anti-frontalière raillée par certains de ses homologues. A l’instar de l’une de ses collègues. « Dans son ancienne boîte, elle me racontait que la première année, c’était difficile de ne pas être luxembourgeoise », confie la quadragénaire. Excepté les allocutions de base en dialecte local, elle bascule plus facilement vers l’allemand, sans pour autant entrer dans une discussion spécifique. Auquel cas, elle sollicite un confrère plus compétent !