Au dernier comptage, au Grand-Duché, 3.271 licences de cabaretage valides étaient enregistrées. Soit autant de possibilités d’exploiter un débit de boissons vendant de l’alcool à consommer sur place. Soit presque un bar pour 200 habitants…

Ces “Schanklizenz” pouvant être détenues autant par un privé que par une entreprise, pendant de longues décennies les brasseries et quelques distributeurs de boissons ont fait main sur ces droits. Joli coup car ces sociétés pouvaient ensuite, revendre ou “louer” leur autorisation à qui voulait ouvrir bar, club ou restaurant en s’assurant du monopole des produits vendus sur place.

Suite à une question du député Marc Goergen, la ministre des Finances vient de faire le point sur la situation actuelle. Si les “géants” de la bière ont pris un peu de recul sur le marché, force est de constater que 5 sociétés possèdent encore 6 licences sur 10 dans le pays (63 %)…

Qui ? La ministre Yuriko Backes, se contente de désigner ces sociétés par des lettres. Sachant que A, la plus puissante, détient à elle seule 623 permis d’ouvrir, contre 511 à sa principale concurrente… La 5e n’en possédant déjà plus que 15. De quoi sérieusement limiter la liberté de commerce…

Petits poissons et grands requins

Depuis des années, l’annonce d’une possible réforme de ce droit de licence refait surface. Disparaissant au fil des mois comme un glaçon dans un cocktail. « Et pour cause, il n’y a pas de bonne solution », assure François Koepp, secrétaire général de l’Horesca. D’un côté des poids-lourds qui tiennent à garder la main sur un nombre conséquent d’établissements gérés par d’autres; de l’autre encore quelques milliers de patrons espérant que la licence qu’ils ont achetée ne se dévalorise pas soudainement.

Et François Koepp d’expliquer : « Quand vous avez payé 20 ou 30.000 euros pour posséder votre licence personnelle, c’est une valeur, un patrimoine que vous espérez céder à quelqu’un un jour. Même aux yeux des banques, c’est une garantie financière ». Alors, “petits poissons” et “grands requins” se contentent de nager dans la même eau pour l’instant.

Mais à la vérité, aux yeux de la profession, le problème ne tient pas tant à la monétisation des licences qu'à la perte d'engouement du public pour les "petits bistrots". Le passage d'une société de cols bleus (ouvriers) à celle des cols blancs (employés de bureau) a changé la donne d'abord.

La « flambée de la TVA (de 3 à 17% sur la vente de boissons alcoolisées) » a ensuite donné le coup de grâce à nombre d'enseignes, assure François Koepp. « Bien sûr qu'un bar, un club, est un commerce. Mais c'est aussi, dans bien des quartiers, des petites communes, un lieu social, de rencontres entre générations, entre classes. Tout n'est pas que business, et c'est cela que l'État a cassé avec sa TVA réhaussée ! ». D'où une demande persistance à ce que le gouvernement revoit sa base de taxation.

Mais, pour la voix de l'Horesca, une chose est sûre : « Ce n'est pas le propriétaire de la licence de cabaretage, c'est le patron ! Quelqu'un qui reste assis au comptoir à regarder son GSM, c'est fini pour lui. Il faut un concept, de l'accueil... et que les clients reprennent l'habitude de venir au café par pour se saouler mais pour échanger ».

 

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