Un escroc franco-luxembourgeois a la police aux trousses

Falsification de documents et trafic de pièces administratives, blanchiment d’argent, vol organisé : si, un jour, Philippe (Stanislas Antoine) Wasila est arrêté, voilà l’ensemble des délits dont il devra répondre. Mais pour l’heure, celui à qui la Justice reproche une escroquerie à l’investissement reste introuvable. Sauf que depuis peu son visage et son signalement apparaissent en tête des “cibles” du site recensant les fugitifs les plus recherchés d’Europe…

C’est là le moyen qu’a trouvé la Police -et pas seulement celle du Grand-Duché- pour mettre la main sur ce quinquagénaire (né en février 1967 au Luxembourg) dont l’allure et les belles phrases ont permis de soutirer certainement près de 5,4 millions d’euros à des investisseurs peu méfiants.

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Ainsi, voilà une dizaine d’années, l’homme se présentait comme un riche homme d’affaires, prétendu directeur d’un fonds d’investissement au rendement incroyable, et même avocat d’affaires. Bref, un homme de confiance fortuné qui, pour assurer le développement d’un drone autonome, était à la recherche de fonds. Et il en a trouvés.

Sociétés opaques et comptes à l’étranger

Sauf qu’en retour, celles et ceux qui ont cru en ces discours n’ont rien vu revenir. Adieu l’argent, adieu les dividendes providentielles et adieu Wasila !

Au final, les enquêteurs ont réussi à démontrer que les fonds “prêtés” au beau parleur pour être investi n’ont jamais été alloués au projet évoqué. À la place, l’individu de nationalité française a créé un réseau de « sociétés opaques et de comptes bancaires à l’étranger pour détourner l’argent des investisseurs », indique la Police. En fait, les euros collectés servaient d ‘abord à assurer le train de vie luxueux de l’intéressé.

Ni un avocat, ni gestionnaire d’investissement dûment enregistré au Luxembourg ou dans toute autre juridiction, Philippe Wasila n’a jamais été reconnu par la CSSF, le régulateur financier luxembourgeois. Quiconque se serait renseigné sur son compte auprès de la Commission de surveillance du secteur financier en aurait eu confirmation immédiate : l’homme « ne disposait d’aucune des autorisations nécessaires pour gérer ou superviser un fonds d’investissement ».

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Et puis, pfiou, le filou a disparu. Où, comment, avec quelle complicité : les investigations n’ont pas encore réussi à répondre à ces interrogations. Mais le juge d’instruction qui suit cette affaire d’Arsène Lupin a pu obtenir, au printemps dernier, un mandat d’arrêt européen et un mandat d’arrêt international pour assurer une prochaine arrestation du bandit là où il viendrait à réapparaître.

La Police compte sur toute personne ayant des informations sur l’emplacement actuel de Wasila pour contacter FAST Luxembourg à l’adresse électronique suivante : [email protected] ou www.eumostwanted.eu.

« Je le découvre ! »

Aussi étrange que cela puisse paraître, Philippe Wasila est réapparu ce 12 novembre, sitôt son “avis de recherche” publié par Europol (et les médias luxembourgeois). Et d’expliquer : « J’ai été par deux fois entendu très longuement et de façon constructive et professionnelle dans les locaux de la police financière a Luxembourg et leur ai transmis tous les documents et comptes nécessaires à leur enquête en ma possession. J’ai répondu à toutes les très nombreuses questions, assisté ou non de mon avocat. En début d’année, je n’ai pu me rendre aux dernières convocations du juge d’instruction (raisons médicales) avec qui j’ai cependant correspondu régulièrement, n’étant nullement en fuite ! »

Et d’avouer sa stupeur : « Je découvre comme vous la mise en ligne ce jour de mon avis de recherche ! » Et d’estimer cette mesure comme une « pratique qui rappelle ceux des états voyous contre leurs dissidents ».

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