Filmer une scène de violence, même dans le but de transmettre les « preuves » à la police n’est pas forcément le bon réflexe à adopter. C’est en tout cas ce que répond Sam Tanson, ministre de la justice, dans une réponse parlementaire adressée au député Fernand Kartheiser (ADR) qui la questionne sur l’intérêt public de la campagne de sensibilisation « Not sharing is caring » relative au harcèlement.

Plutôt que d’interdire tout bonnement la plateforme TikTok, comme l’a suggéré une pétition en août dernier, (suite au passage à tabac filmé et diffusé d’une jeune fille d’Esch-sur-Alzette), le gouvernement entend plutôt inviter les jeunes témoins d’une agression à réfléchir avant de sortir leurs téléphones.

Un acte pas forcément utile

Plus précisément, cette campagne a été lancée en juillet 2023 par le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch et le procureur d’État adjoint David Lentz. Elle a pour but d’inciter les jeunes témoins d’agression à contacter la police et témoigner, plutôt que filmer et diffuser sur les réseaux sociaux la scène à laquelle ils assistent.

Le but : éviter la propagation d’images violentes sur internet et inviter les jeunes à se responsabiliser, à « agir avec empathie » selon Sam Tanson

L’acte de filmer ne peut-il pas être utile à la Police Grand-Ducale, questionne le député ? Pas forcément. D’une part, parce que filmer une scène de violence, c’est mettre possiblement en péril sa propre sécurité : « il est important que les témoins ne se mettent pas inutilement en danger », prévient Sam Tanson.

Ensuite, parce que diffuser du contenu vidéo alors qu’il met en scène des mineurs, sans le consentement d’un représentant légal est tout simplement interdit par la loi. Enfin, Sam Tanson rappelle que pour être vraiment utiles à une enquête, les vidéos prises doivent véritablement permettre d’identifier les auteurs des faits, sans quoi la police ne pourra pas s’en servir.

Former les enseignants

Le ministère de l’Éducation nationale, de l’enfance et de la jeunesse, entend par ailleurs, « dès l’automne », proposer des formations spécifiques aux enseignants via l’Institut de Formation de l’Éducation Nationale (IFEN) pour les préparer à agir s’ils font face à la diffusion de vidéos violentes de leurs élèves.

Ces formations auront pour but de les aider à sensibiliser les élèves de leurs classes, à leur expliquer le fonctionnement et le rôle des autorités judiciaires ainsi que les conséquences juridiques qu’implique le fait de filmer de telles scènes et de les diffuser.

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