La pénurie de logements disponibles (ou à loyer modeste) au Luxembourg a fait le bonheur de certains propriétaires. Belle aubaine en effet que de voir un marché saturé par la demande plutôt que l’offre d’appartements corrects. Aussi, les “marchands de sommeil” ont-ils prospéré ces dernières années, et avec une certaine impunité même.

Ainsi, des chambres de bonne (ou “de café”) aux dimensions plus que réduites, des logements vétustes, mal isolés, hors normes de sécurité ont-ils continué à trouver preneurs. Et cela auprès d’un public disposant de peu de ressources financière et surtout guère de moyens de se plaindre… Preuve en est, depuis 2013 la Justice a ouvert une quarantaine de poursuites, mais seules 5 condamnations ont été prononcées.

Coup sur coup, deux députés (déi Lénk et Pirate) viennent donc d’interpeller le ministre du Logement sur cette situation guère tolérable. David Wagner et Marc Goergen incitant Claude Meisch à réagir. Et ça va se faire, promet ce dernier. Cela d’ailleurs dès cet automne avec la réactivation du groupe de travail sur les “critères de salubrité et de sécurité” qu’un habitat digne doit assurer.

Pas de conformité, pas de loyer

Et pour en finir avec cette situation, l’État compte s’appuyer sur les communes et leur expérience pour savoir ce qu’il conviendrait désormais de mettre en œuvre. Sachant qu’avant qu’un texte ne sorte de ces réflexions, il est plus que conseillé à celles et ceux qui logeraient dans des conditions d’inconfort et de danger manifeste d’aller se plaindre auprès de leur commune justement.

Aux bourgmestres de réagir alors, et de hausser le ton notamment en rappelant aux propriétaires indélicats leurs obligations en matière de qualité de la location proposée. Quitte à rappeler aux marchands de sommeil qu’il risque de perdre tout revenu si, n’obéissant pas à la loi et n’effectuant pas les mises en conformité, il voit ses logements ou chambres fermés…

L’exemple tricolore

Autrement dit, il faut que la peur change de camp. Qu’elle passe des locataires soumis aux propriétaires peu scrupuleux. Sachant que les occupants aux plus faibles revenus peuvent toujours disposer d’une assistance juridique gratuite si besoin, glisse au passage le ministre, histoire de dénouer plus facilement les langues.

Parmi les pistes envisagées, Claude Meisch ne repousse pas l’idée de copier ce que se fait en France depuis peu. Ainsi, de plus en plus de communes (notamment frontalières) adoptent le “permis de louer“. Autrement dit, tout bailleur souhaitant mettre un bien en location doit remplir et présenter aux élus une demande préalable d’autorisation. Pour que celle-ci soit validée, il faudra que le logement réponde à toutes les normes en vigueur.

Audun-le-Tiche et alentours ont choisi d’adopter ce dispositif, idem pour le secteur de Bouzonville (Sierck, Apach, Anzeling, Hasltroff), la Communauté du Val de Fensch (Hayange et environs) l’a étendu à 6 municipalités, Hettange-Grande envisage d’y passer, etc… Et à chaque fois, il est question d’en finir avec le mal-logement ou des colocations peu reluisantes face à une demande toujours plus forte aux portes du Luxembourg.

La mesure « mérite d’être analysée » reconnait le ministre luxembourgeois. Alors, cauchemars en vue pour les marchands de sommeil ? Si seulement…

 

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