Retraite : la Chambre des métiers frappe fort
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 21/11/2024 à 12:11
Le Gouvernement luxembourgeois veut écouter tout le monde avant de décider comment il va adapter le régime de retraite à l’avenir. Il avait déjà ouvert la concertation auprès du grand public, entendu la voix des syndicats, voilà que la Chambre des métiers vient aussi lui suggérer quelques pistes. Et pas question pour son président Tom Wirion de tergiverser : si le financement du système de retraite est en péril, il faut agir fort.
Pour le représentant de l‘artisanat (8.400 entreprises / 102.000 emplois), la première réalité à avoir à l’esprit est que, en l’état, les modalités actuelles de financement/paiement ne sont plus viables. Que les actifs paient par leurs cotisations la retraite de leurs aînés, soit. Mais que faire quand le nombre de seniors va progresser bien plus rapidement que celui-ci des salariés (+ 4,1% d’un côté, + 1,7% de l’autre) ?
Aussi, dans un avis rendu sur le budget de l’État, la Chambre liste trois orientations envisageables :
- Une augmentation des cotisations
- Une réduction du montant des pensions accordées
- Un allongement de la durée de cotisation ou un report de l’âge légal de départ à taux plein
Des orientations pas forcément au goût de tous mais que la voix de branches comme l’alimentation, la construction, la mécanique ou des secteurs de la mode, santé, hygiène ou art prend soin de justifier de son point de vue patronal.
Seul le statu quo est indolore
Ainsi, la proposition n°1 « permettrait d’accroitre les recettes » dédiés au financement des retraites. Mais, d’un autre côté la Chambre des métiers pointe que cela risquerait aussi « de grever la compétitivité des entreprises et les salaires ».
Pour la proposition n°2, donner moins aux retraités influencerait négativement leur consommation. Ni bon pour les affaires, ni la collecte d’impôts indirects (TVA par exemple) pour les caisses de l’État.
Reste alors l’hypothèse n°3, “travailler plus”… En retardant l’âge des départs en retraite, et donc en prolongeant la durée de cotisation, la recette par tête augmenterait. Offrant alors une bouffée d’oxygène (euros en l’occurrence) bienvenue pour équilibrer les comptes. Comptes qui aujourd’hui s’appuient encore sur une “réserve” de plus de 20 milliards d’euros…
Et incontestablement, c’est cette troisième voie qui a la préférence de la Chambre des métiers. Motif : c’est celle qui serait « le moins susceptible d’impacter négativement l’économie ». Ce choix n’engendrerait ainsi ni effet sur la consommation des bénéficiaires des pensions vieillesse ou des cotisants en poste, ni sur les marges des entreprises.
Bien entendu, l’organisme sait que ces annonces ne devraient pas plaire à tout le monde, et chahuter les partenaires sociaux. Et, sage, Tom Wirion le reconnaît avec une pointe d’ironie : « Le meilleur scénario, et le plus indolore politiquement, serait de ne pas avoir à recourir à une de ces alternatives ». Mais on sait déjà que ce statu quo n’est vraiment pas souhaité par le Premier ministre Luc Frieden. Le débat ne fait que commencer…
Et du côté des fonctionnaires ?
Et si on révisait aussi le système de retraites de la fonction publique luxembourgeoise ? La Chambre des métiers est loin d’y être opposée. Elle voit d’ailleurs dans ces régimes spéciaux « une injustice ». Alors, là aussi, elle a des idées à soumettre. Pourquoi ne pas plafonner le montant des retraites accordées aux fonctionnaires comme c’est le cas dans le régime privé ? Pourquoi les régimes spéciaux seraient-ils financés par l’impôt (l’Etat versant 16% des cotisations retraites, contre 8% pour le privé) alors que les agents ont bien souvent des niveaux de revenu supérieurs aux employés ou indépendants ?
Là encore, l’orientation devrait faire tousser… Mais, à 100 ans, la Chambre des métiers n’a pas l’intention de garder sa langue dans sa poche !
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