Chaque année, environ 4.500 personnes décèdent au Luxembourg (sur une population de 672.000 habitants). Et plus le temps passe, plus l’âge des défunts s’éloigne. Ainsi, l’espérance de vie a-t-elle progressé, passant de 72 ans pour les mâles natifs de 1976 à 80 ans pour les garçons nés en 2020-22. Avec cet “avantage”, constaté par le Statec que les jeunes filles qui ont vu le jour aux mêmes périodes peuvent, elles, espérer vivre aujourd’hui jusqu’à 84 ans

Mais dans la population qui du boucher ou du comptable profite le plus longtemps de sa retraite ? Qui de l’informaticien ou de la cheffe d’entreprise atteindra l’âge le plus vénérable ? Qui du maçon ou de la banquière verra passer le plus de saisons ? C’est en substance la question que le député luxembourgeois Marc Spautz (lui-même âgé de 61 printemps). Et la réponse est… on ne sait pas !

Et c’est Lex Delles, ministre de l’Économie, qui a dû le reconnaître. En effet, les statistiques du Statec sur l’âge de décès des Luxembourgeois ne tiennent pas compte de la catégorie socio-professionnelle. Pas que le sujet n’intéresse pas les analystes, mais ils n’ont pas accès à cette information sur l’activité des personnes passant de vie à trépas.

Des déterminants connus

Au mieux, le Statec sait que 83% des décès (en 2023) concernaient des retraité-e-s. Mais à quel poste travaillaient ces gens ? Grande inconnue… Mais à cela une explications, les données sur lesquelles se base le Statec ne sont issues que des bulletins d’état civil établis à chaque décès et transmis par les communes. Y figurent l’adresse, le sexe mais… pas le métier !

Et puis d’ailleurs qu’importe, explique le ministre libéral. Après tout, il existe déjà bien des connaissances sur les facteurs qui jouent plus ou moins en faveur de l’espérance. Aussi, estime Lex Delles, « il n’est pas utile de mener des études supplémentaires pour se rendre compte des écarts qui existent entre les catégories socioprofessionnelles ». Autrement dit, il est effectivement établi que le cadre a plus de chance de faire des vieux os que le déménageur, la policière que la peintre en bâtiment.

Au rang des facteurs déterminants, on peut ainsi citer conditions de travail, durée du travail, attention portée à sa propre
santé, alimentation, modes de vie en général (alcool, tabac, pratiques à risques…). Sans oublier qualité et accessibilité des soins pour les uns et les autres.

Pour Lex Delles, il est des actions publiques qui visent d’ailleurs à atténuer la portée de ces facteurs. Et de citer notamment l’initiative Vision Zéro. Ministères du Travail  de la Santé, Inspection du travail, patronat, assureurs, médecine du Travail ou Chambre des salariés tentant d’agir pour « réduire l’impact des conditions de travail et donc celui de la catégorie socio-professionnelle » sur la santé des salariés du Grand-Duché. Et donc potentiellement au bénéfice de leur longévité.

Si le programme lancé voilà plusieurs années a certainement permis de belles avancées, reste toutefois une réalité : travailler peut blesser voire tuer. En poste, ce sont ainsi 10 salarié-e-s qui ont perdu la vie en 2023, et à long terme bien plus ont souffert d’une maladie professionnelle.

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