L’un a poussé place des Alliés à Differdange, l’autre non loin de l’hôpital de Niederkorn. Des arbres ? Non, des City trees… Et la nuance est loin de ne tenir que dans un anglicisme. Car de végétal ici il n’y a guère : juste un caisson de bois ajouré (le tronc dirons-nous) et à l’intérieur des plaques de mousse (ce qui va faire office de poumon vert). Tout le reste n’est qu’hight-tech, les équipements remplaçant la fibre, l’électricité la sève…

Et c’est bien sur ces drôles de feuillus (dépourvus de la moindre branche, bourgeois ou pousse ) que Differdange s’appuie pour améliorer la qualité de l’air respiré par ses 30.000 habitants. Pas un gadget mais bien un bloc capable de filtrer l’atmosphère comme 81 “vrais” arbres ! Le système d’arrosage et ventilation de la mousse a ainsi été conçu pour capter poussières fines et métaux lourds de l’air ambiant.

Et si ce n’est que cela… Le  City tree a aussi comme vertu de rafraichir ses abords. Aux alentours, l’air y serait 4 °C plus bas qu’ailleurs dans la commune. De l’utilité alors du banc qui entoure ce bloc pour les passants qui voudraient s’asseoir et se rafraichir un peu.

Revitalisées tous les 6 mois

À l’avenir, ce sont 5 arbres de la sorte qui devraient prendre place ici et là, à Differdange. Une initiative qui s’intègre dans la démarche de ville à devenir une “Net Zero City”. « En 2022, nous avons été choisis en 2022 comme l’une des quelque 100 villes européennes qui devront atteindre la neutralité climatique d’ici 2030. Pour cela, nous devons établir un plan et le justifier par des chiffres », explique Luc Arend du service environnement de la commune.

Dans ce contexte, en plus des “habituelles” mesures de réduction ou de compensation des émissions carbone, la ville a donc misé sur ce projet innovant. Et puis, Differdange compte bien être à la pointe de l’adaptation au changement climatique. « Nous constatons déjà que les températures moyennes augmentent et qu’il devient de plus en plus désagréable de rester dehors. C’est là que ces City Trees entrent en jeu. »

Mais tout le monde ne se réjouit pas du choix des élus. Sur les réseaux sociaux, certains rient de ces arbres qui n’en ont que le nom. On s’interroge aussi pour savoir pourquoi n’avoir pas planté des arbres habituels ? « Nos City trees ne sont ou ne seront implantés que là où nous ne pouvons pas desceller le sol », répond Luc Arend.

Ainsi, sous la place des Alliés, le parking souterrain ne permet de végétaliser les lieux. « Un arbre a besoin de 15 m³ de sol pour se développer. Les planter dans des bacs et les maintenir en vie avec difficulté n’est pas une bonne idée. Ainsi, il n’est tout simplement pas possible de planter des arbres sur la place. Bien sûr, un City tree ne peut pas remplacer un arbre. Par exemple, lorsqu’il s’agit de faire de l’ombre. »

L’échevine responsable, Zenia Charlé (LSAP), va dans le même sens : « Il était important pour nous d’améliorer cette place de manière à ce que les gens puissent y passer un bon moment. À long terme, nous voulons faire quelque chose pour neutraliser le CO₂, filtrer l’air et rafraîchir l’endroit ».

Bien sûr, pour Zenia Charlé ou Guy Altmeisch le bourgmestre differdangeois, pas question de remplacer les végétaux par des “machines”. Cette année d’ailleurs, la commune a prévu de planter environ 350 arbres. Entre 120 et 130 d’entre eux serviront à remplacer des arbres endommagés. Les autres seront replantés, partout où la commune estime qu’un besoin existe.

Combien coûtent les city trees ?

Derrière les appareils “plantées” à Differdange se cache l’entreprise allemande Green City Solutions GmbH, basée à Dresde. La commune lui loue cinq “arbres urbains” pour 60.000 euros/an au total. À cela s’ajoutent 20.000 € pour le transport et l’installation.

La ville peut  toujours acheter les appareils ; le loyer déjà payé sera alors déduit de la facture

Les City trees sont un mélange de technologie et de nature. La mousse naturelle installée a bien sûr besoin d’eau pour faire son travail. Pour le moment, il n’est pas nécessaire d’arroser, en raison des nombreuses pluies, souligneLuc Arend. Mais lorsque le temps deviendra plus sec, la commune utilisera l’eau de pluie et l’eau de source pour arroser.

Les dalles de mousse seront ensuite « revitalisées » tous les six mois en Allemagne. Bien entendu, après avoir filtré les impuretés de l’air, elles ne peuvent être jetées au compost.

Dans le cas des City trees à Differdange, il s’agit d’un test. Notamment pour jauger la résistance de ce “mobilier urbain” face… au vandalisme. Une autre pollution du quotidien !

 

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