Pour l’Ambassadeur de Belgique, la fête nationale a déjà un goût de… départ
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 21/07/2023 à 06:07
Il est arrivé avec le Covid… Pas simple alors pour Thomas Lambert d’endosser son costume d’Ambassadeur de l’un des partenaires essentiels du Grand-Duché. Pourtant depuis trois ans, le diplomate (jovial et sérieux) a su se faire une place auprès des acteurs politiques et économiques du pays mais aussi au service de “ses” concitoyens. Des Belges toujours plus nombreux à s’installer ou à travailler de ce côté-çi de la frontière.
A l’occasion de la Fête nationale belge, Thomas Lambert se livre un peu sur ses actions.
Ce n’est pas cette année encore qu’un Belge remportera le Tour de France…
Thomas Lambert : « Pas plus qu’un Français ou un Luxembourgeois d’ailleurs ! Bien sûr, je suis déçu pour Wout van Aert. Mais le coureur belge a montré un grand potentiel et donc qu’il a tout l’avenir devant lui. Je suis donc plus dans l’espoir que dans les regrets. Sachant que mon emploi du temps ne me permet guère de regarder la course… »
Environ 26.000 Belges vivent au Grand-Duché. Vous causent-ils des soucis ?
« Très peu à vrai dire. Ces Belges-là sont la “clientèle” de notre consulat général. Et je crois que notre équipe leur apporte un bon service. Notre communauté a la taille d’une petite ville et sept agents travaillent dur pour bien accueillir les nouveaux arrivants, favoriser l’intégration, faciliter les démarches administratives. Une administration communale ne ferait pas mieux !
D’ailleurs, régulièrement, nous éditons en sondage en 3/4 langues pour connaître le niveau de satisfaction de cette population est c’est très souvent bon. »
Et puis, il y a les 51.600 frontaliers qui viennent du Royaume pour travailler au Luxembourg…
« Je les crois heureux eux aussi. Le Luxembourg leur offre de belles opportunités d’emploi, des salaires intéressants, ils sont plutôt jeunes et leur nombre progresse. Je sais que la limite du télétravail à 34 jours désormais en a “stressé” certains…
Je suis d'ailleurs étonné que mes concitoyens ne s'interrogent pas sur les conséquences que peut avoir la "tolérance fiscale" sur leur propre Centre financier national. C'est une perte de recette pour l'Etat et donc pour les moyens publics mis en œuvre au service de tous au pays. Si le nombre est passé à 34 jours (contre 29 précédemment), la compensation versée par le Luxembourg elle ne bouge pas (elle reste autour de 48 millions d'euros par an). »
En affirmant que plus rien ne changerait avant 2031 pour le télétravail des frontaliers belges, vous avez soulevé bien des énervements parmi ces mêmes salariés.
« Le ton était sans doute affirmatif... Mais c'est la réalité de l'accord trouvé; il n'est pas prévu de révision plus tôt. Et je peux dire aux Belges que les 90 jours de télétravail par an entre le Royaume et le Grand-Duché sont une utopie pour le moment. Ni les ministres, parlementaires, politiciens, chefs d'entreprises que je rencontre ici ne sont prêts à franchir cette fameuse barre des 2 jours en home-office/semaine !
Il faut savoir que la Belgique négocie aussi ce point avec ses homologues Néerlandais. Et à l'échelle du Benelux, il y a un coup à jouer. En effet, l'Europe donne aux trois Etats ainsi réunis la possibilité d'aller de l'avant en matière sociale notamment. A notre échelle, nous pourrions déjà fixer une norme, qui devienne un "golden standard" pour toute l'Union ensuite.
Et puis, il me semble plus urgent de se pencher sur les questions de mobilité. D'ici quelques années, le nombre de Belges travaillant au Grand-Duché va doubler. Cela ne pourra pas se faire avec le réseau routier, ferré ou les bus actuels. Il est plus qu'urgent de réfléchir à une nouvelle offre, de nouvelles alternatives. »
Une soirée le 20 juillet, la garden-party à l'Ambassade le soir de la Fête nationale. A quoi servent ces rendez-vous ?
« Les deux ont un état d'esprit différent. Jeudi, nous étions en terres luxembourgeoises à la Brasserie nationale (Bascharage) pour partager une bière du Grand-Duché avec des frites de Belgique. A mes yeux, c'est la parfaite symbiose de l'amitié entre nos deux pays, nos deux peuples. On ne partage seulement une bonne boisson avec un bon plat qu'avec ses meilleurs amis ! L'Union royale belge a parfaitement compris mon intention en m'aidant à organiser ce rendez-vous.
A la résidence de l'Ambassade, ce sera plus protocolaire. Déjà nous serons dans un coin de Belgique au Luxembourg, nuance. Et puis là, je vais en profiter pour serrer quelques mains, adresser quelques remarques pou propos sympathiques à mes collègues diplomates, parler à des investisseurs.
J'aurai aussi un mot plus "politique". Comme l'an passé, hélas, cela portera sur la guerre en Ukraine. Je veux faire comprendre à mes invités combien la solidarité reste toujours de rigueur. Car à l'heure où trinquerons à la santé de la Belgique et sa fête nationale d'autres paieront de leur vie l'attachement aux mêmes valeurs que nous Belges, que nous Européens. Leur combat se fait aussi dans notre intérêt. Eh oui, la Fête pour un ambassadeur c'est tioujours un peu sérieux quand même ! »
2024 marquera immanquablement la fin de votre mission au Luxembourg.
« Oui la date -fin juillet 2024- était connue dès ma nomination. Mais les mois qui me restent à servir ici vont être particulièrement actifs. IL me faut préparer avec les institutions la présidence belge de l'Union européenne pour 2024 et même chose pour la présidence du Benelux. Il faut également qu'avec mon équipe nous organisions au mieux les deux élections qui concerneront les Belges vivant au Grand-Duché. Ils seront 19.000 à voter dans le cadre des Européennes mais aussi du scrutin pour désigner le fédéral. Sans parler des autres dossiers.
J'ai déjà un pincement un cœur et de la nostalgie. Car vivre et travailler au Luxembourg a été aussi agréable pour moi qu'utile aux autres (j'espère !). C'est un double sentiment qui vous comble. »
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