« Quand je vois tout ce que l’on a fait, j’ai l’impression que l’on a travaillé depuis plusieurs années ! » Tant pis pour la modestie (!) mais Luc Frieden en ce 24 juillet tenait à insister sur le bilan déjà bien rempli du gouvernement qu’il dirige depuis novembre 2023. Huit mois d’activité avec une nouvelle majorité CSV-DP dont le Premier ministre luxembourgeois semble particulièrement satisfait : « Il y a un esprit d’équipe mais surtout un travail d’équipe » entre ministres chrétiens-sociaux et libéraux.

Et si, reconnaît le chef du gouvernement, il a fallu deux mois d’adaptation aux “nouveaux” pour prendre la mesure de leurs fonctions ou former leur équipe, maintenant la dynamique est lancée. « Et pendant les quatre ans et ½ de mandature qu’il reste, nous allons continuer comme ces six derniers mois… » Enfin, après la trêve estivale toutefois.

Le premier satisfecit que s’adresse Luc Frieden tient dans les choix décidés pour augmenter le pouvoir d’achat de la population en général, des salariés en particuliers. Allègement fiscal lié à l’ajustement des barèmes d’imposition, réforme annoncée sur l’impôt des familles monoparentales, des célibataires, des veufs ou tout membre de la classe d’impôt 1A, instauration d’une prime au logement pour les salariés débutants et une réduction fiscale notamment: les gestes ont été nombreux.

Même auto-compliment concernant la lutte contre la pauvreté. Ce qui était La priorité à l’heure de discuter du programme de de coalition s’est traduit par des actes. Dernière annonce en date : l’augmentation de l’Allocation de vie chère (+ 10%), triplement de la Prime énergie accordée en 2025 aux foyers les plus modestes (en prévision de la hausse des tarifs de l’électricité et du gaz), subvention de loyer boostée pour les ménages avec enfants les plus pauvres.. Là encore, le Premier ministre égraine, content.

Nous ne voulons pas donner tout à tout le monde mais mieux cibler les aides !»

Même dans la simplification administrative désormais sur les rails, Luc Frieden veut voir un point positif pour ses concitoyens ou les frontaliers aux plus bas niveaux de vie. « Avec le principe du Once only, les demandes d’aide seront facilitées. Sans parler des versements automatiques à l’avenir pour celles et ceux qui sont éligibles à tel ou tel dispositif. »

Le gouvernement veut en finir avec cette réalité d’un État généreux dans la protection sociale mais dont les aides se perdent trop souvent en chemin

Sans économie forte, rien ne se passe

Les entreprises, non plus, n’ont pas été oubliées dans ce début de mandat. Celles de la construction d’abord vers qui le gouvernement a vite lancé non seulement des bouées de sauvetage temporaires (chômage partiel par exemple) mais aussi un plan de secours à plus long terme.

Il y a eu aussi l’engagement de l’État luxembourgeois d’investir 480 millions d’euros dans l’achat de logements en voie d’achèvement d’ici 2027. Et 900 autres millions pour plus de réalisations de logements abordables. Sans oublier la simplification de nombreuses démarches administratives devant accélérer la reprise du marché. Même si le secteur est encore dans le dur, Luc Frieden compte sur un rebond.

De toute façon, le credo de l’ancien ministre des Finances est clair : « sans une économie forte, il n’y a pas de politique sociale ambitieuse ou de soutiens au développement écologique », alors autant encourager les sociétés. C’est pourquoi, dès l’an prochain, l’impôt sur le revenu des collectivités sera abaissé d’1% pour toutes les entreprises du pays, petites ou grandes.

Même motif, autre action : l’abaissement de la fiscalité sur les impatriés, histoire d’attirer plus de talents sur des postes très rares et nécessitant des recrutements à l’international (« nous devons lutter sur ce point face à Londres ou Dublin ! »). Et puis il y a aussi les assouplissements accordés dans l’embauche de saisonniers qui devrait permettre au secteur agri-viticole de souffler un peu.

Jamais prononcé le mot de “frontaliers”

Les 15 ministres et leur chef peuvent donc quitter leurs bureaux pour un peu de vacances bien méritées ? Oui, visiblement. Car au tableau d’honneur des trois trimestres passés, Luc Frieden ajoute d’autres motifs de satisfaction : de l’augmentation des nouveaux policiers à promouvoir à la hausse du budget de la défense en passant par les nouvelles dispositions anti-mendicité agressive ou le prochain plafonnement des coûts de l’électricité pour la moitié de l’augmentation réelle des prix du kilowatt en 2025…

Pas un mot sur les polémiques, rien sur d’éventuelles tensions internes, jamais prononcé le mot de “frontaliers” (oups) : Finalement, Luc Frieden aurait encore pu rajouter des lignes à son premier bilan !

Retraite : le devoir de vacances

Oui, à la rentrée, il faudra bien engager la grande consultation annoncée sur une réforme de la pension vieillesse. Quelle forme cette “prise de température” de l’opinion ? Trop tôt pour le dire, répond Luc Frieden. «Nous n’avons pas encore décidé comment on va concevoir ce débat. Nous allons nous en préoccuper durant l’été ! » Le temps de lire les premiers avis déjà exposés sur le devenir du système de retraite luxembourgeois.

Mais changement il y aura : « Avant les gens percevaient leur pensions pendant quelques années avant de décéder, maintenant ils sont quasiment autant en activité qu’en retraite », motive le Premier ministre pour justifier les changements à venir.

 

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