Les averses de mars n’y auront rien changé : les nappes phréatiques du Nord-Est de la France ou celles du Grand-Duché ont passé un hiver délicat. Moins de pluie qu’à l’accoutumée, peu de chutes de neige et le tout sur un sol rendu imperméable sur une plus grande profondeur. En France, le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a d’ores et déjà tiré la sonnette d’alarme : 50 départements de l’Hexagone risquent de connaître « probablement un printemps et un été tendus ».

En clair, il faut d’ores et déjà s’attendre à des arrêtés fixant des restrictions de consommation d’eau pour les particuliers, l’agriculture et les entreprises… Moselle et Meurthe-et-Moselle, pourtant peu réputées pour le climat sec, sont de fait classées comme zones “à risque fort” de sécheresse. Et la situation vire carrément au rouge vers la Champagne, le Nord ou la Région parisienne…

Côté français, on estime à 10% le déficit en pluie entre septembre et mars par rapport aux moyennes habituelles. Au Grand-Duché, le même constat s’impose. Et du côté de l’Administration de la gestion de l’eau (AGE), on sort de la saison humide sans afficher un franc sourire. Au micro de RTL, Jean-Paul Lickes -directeur de l’AGE- informe d’ailleurs qu’ « il a fallu attendre presque la mi-décembre pour que les premières pluies se dirigent vers la nappe phréatique ».

La Moselle comme ressource ?

En effet, tombant sur des surfaces sèches sur près de 2 mètres de profondeur, les pluies ont humidifié les terrains en surface sans pouvoir avoir un effet totalement bénéfique sur les réserves d’eau souterraines dont l’hiver constitue la période de recharge. L’état du sol, dur, tient aux deux étés secs que le Grand-Duché et ses environs viennent de passer.

Sur son site, l’Administration de la gestion de l’eau se veut rassurante : « Actuellement, les niveaux des nappes phréatiques se trouvent à un niveau normal » D’après les mesures quantitatives effectuées en divers point du territoire, « les réserves actuelles d’eau souterraine sont actuellement suffisantes au niveau national pour la production d’eau potable ». Cela même si les spécialistes ont déjà noté que « localement le débit de certaines sources, qui sont particulièrement réactives aux précipitations, est inférieur au débit moyen normal observé pour la période de l’année en raison du déficit de précipitations ».

Il est aussi à noter que l’alimentation du pays en eau potable ne dépend que des réserves souterraines, pour la moitié de la consommation “au robinet”, l’eau provient ainsi du Lac de la Haute-Sûre. Si son niveau baisse, le stock de m3 permet d’envisager sereinement les mois à venir.

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Cela n’empêche pas les autorités du Grand-Duché de réfléchir aux futurs plans B pour assurer les 120 millions de m3 d’eau potable quotidiens aux usagers. L’exploitation de la Moselle comme ressource fait partie des options étudiées. En début d’année, la ministre de l’Environement qualifiait cette voie comme « intéressante ». Mais Joëlle Welfring d’immédiatement tempérer les ardeurs du fait des risques de contamination de la rivière par un incident qui surviendrait à la centrale nucléaire de Cattenom, en amont du Luxembourg.

Pareil risque nécessiterait ainsi la mise en fonction de systèmes de détection précoce pour empêcher tout élément radiocatif (comme le tritium) de pénétrer dans le réseau d’eau potable national. Stations de mesure, réservoirs tampons devraient alors compléter le dispositif et ferait vite grimper le prix du m³ pompé, assaini puis distribué du Sud-Ouest du pays vers les foyers.

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