L’industrie européenne de l’acier tremble face aux droits de douane américains
Publié
par
Yves Greis
le 13/03/2025 à 17:03

La politique du président américain, Donald Trump, menace l’industrie sidérurgique européenne. Et ce n’est pas tout. Si l’industrie sidérurgique disparaît du continent, son industrie automobile, son industrie de l’armement, son infrastructure énergétique et ses transports, entre autres, disparaîtront également. La souveraineté de l’Europe est en danger. Tel est le sombre tableau dressé par l’association de l’industrie sidérurgique européenne EUROFER.
« L’introduction par le gouvernement américain de droits de douane forfaitaires de 25 % sur toutes les importations d’acier aggrave l’environnement de marché déjà difficile pour l’industrie sidérurgique européenne et constitue une véritable menace pour son avenir. Le secteur attend de l’Union européenne qu’elle réagisse en révisant efficacement les mesures de protection de l’acier, ce qui permettra d’atténuer l’impact des droits de douane américains et d’assurer la pérennité de l’industrie à long terme », écrit l’association européenne de l’acier dans un communiqué. EUROFER attend des mesures de l’UE pour protéger le marché européen « vulnérable ».
Les droits de douane concernent également le Luxembourg, siège du groupe sidérurgique ArcelorMittal et lieu d’implantation de plusieurs aciéries. L’année dernière, ArcelorMittal a produit 1,9 million de tonnes d’acier au Grand-Duché. Le groupe emploie 3.450 personnes au Luxembourg. Un peu plus de 10% de la production luxembourgeoise (poutres et palplanches fabriquées dans les usines de Differdange et Belval) est destinée aux États-Unis, selon les informations de l’entreprise.
ArcelorMittal: “Protection contre le commerce déloyal”
Interrogé à ce sujet, le groupe sidérurgique luxembourgeois a expliqué: “ArcelorMittal soutient une politique commerciale visant à traiter et à fournir une protection contre le commerce déloyal sur les marchés de l’acier. Un soutien urgent est donc nécessaire en Europe pour traiter la situation et soutenir la compétitivité et la durabilité de la production d’acier européenne. […] ArcelorMittal, comme toute l’industrie européenne de l’acier, a un ensemble de défis à relever et les nouveaux tarifs américains en font partie.”
En février, le ministre de l’Économie Lex Delles avait partagé l’essentiel du pessimisme de l’industrie sidérurgique au Parlement ; il avait toutefois aussi souligné que les groupes sidérurgiques avaient beaucoup investi au Luxembourg ces dernières années afin que « demain, on puisse encore produire ici ».
Investissements
ArcelorMittal a par exemple équipé un entrepôt à Niederkorn d’une installation solaire de 75.000 m2 pour couvrir une partie de ses besoins en électricité. Et en octobre, le nouveau four à arc électrique de Rodange devrait également être mis en service. Mais Lex Delles avait également déclaré que les Européens et les Etats-Unis devaient « discuter ensemble comme des gens raisonnables ».
La présidente de l’UE, Ursula von der Leyen, a exprimé ses regrets face aux droits de douane américains. L’UE a décidé de réagir par des contre-mesures. Pour cela, les stratèges n’ont pas eu besoin de beaucoup de temps. Le premier avril, les mêmes droits d’importation que l’UE avait imposés pendant le premier mandat de Trump entreront à nouveau en vigueur. Elles vont des « bateaux aux motos en passant par le bourbon ». Les fans européens de la marque Harley-Davidson devront donc payer plus cher à l’avenir. L’objectif est d’imposer des mesures efficaces qui perturbent le moins possible les consommateurs européens.
Donald Trump avait déjà introduit des droits de douane lors de son premier mandat. En conséquence, les exportations de l’UE vers les États-Unis avaient diminué d’un million de tonnes d’acier. En outre, d’autres pays ont envoyé en Europe l’acier qu’ils ne pouvaient plus écouler aux Etats-Unis.
Le président d’EUROFER, Henrik Adam, affirme que « la situation générale du marché pour l’acier européen est aujourd’hui bien pire qu’en 2018. Ces nouvelles mesures imposées par Donald Trump sont plus importantes, donc l’impact des droits de douane américains sera probablement bien plus grand ». De plus, il craint que les producteurs d’Asie, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, n’envoient à nouveau davantage leurs produits sidérurgiques vers l’euro.
Que s’est-il passé ?
Les États-Unis ont décidé d’imposer des droits d’importation de 25% sur toutes les importations d’acier et d’aluminium. Les importations sont une épine dans le pied du président américain. Il qualifie les déficits commerciaux de subventions pour les autres pays. Il déclare par ailleurs que les recettes des droits d’importation enrichissent les États-Unis. Il a également soutenu à plusieurs reprises que l’Union européenne avait été créée dans le seul but de nuire aux États-Unis.
Oligarchie
Ses adversaires, en revanche, avancent que les droits d’importation entraîneront une hausse des prix des marchandises aux États-Unis. Cela serait mauvais pour les consommateurs américains. Les prix élevés à la consommation sont actuellement l’un des thèmes dominants dans les médias américains. Certains critiques, affirment même que le gouvernement américain est en train de mettre en place une oligarchie.
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