Les trottinettes électriques en renfort des pompiers wallons
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 31/07/2024 à 13:07
Au départ, l’idée fait sourire. Presque une histoire belge… Comment cela des pompiers à trottinettes ? Des ambulances, des camions-citerne, des fourgons pompe-tonne d’accord, mais une trottinette même électrique ça interroge… Pourtant, en Province de Luxembourg, le très sérieux Colonel Stéphane Thiry a peut-être trouvé là le moyen d’intervention qui va révolutionner les déplacements des secouristes. Et de se fier notamment sur la première expérience tentée ce week-end à la Foire agricole de Libramont.
« Sur un terrain vaste et avec beaucoup de population à traverser, sur une suspicion de fuite de gaz, notre équipe à pieds a mis 11 minutes pour accéder au lieu signalé pour 65 secondes pour le binôme à trottinette », indique le commandant de la Zone de secours Luxembourg qui couvre 44 communes d’Arlon à Marche-en-Famenne. Y a pas photo : rapidité d’action démontrée !
L’idée remonte à l’été dernier. Les pompiers en place au festival de théâtre de rue de Chassepierre ont alors noté avec quelle facilité les organisateurs réussissaient à se faufiler dans la foule, à avaler les montées ou à rejoindre n’importe quel point du site même sur terrain accidenté plus vite qu’eux. La solution-miracle tenait en un engin deux-roues au moteur électrique. La suggestion est remontée aux oreilles du Colonel, et voilà une année d’expérimentation débutée.
Pas si saugrenu
Car oui, les deux trottinettes actuellement en service, sont pour l’instant testées. « Déjà parcourir plus vite de longues distances au milieu d’un public dense, c’est un atout mais j’en vois déjà d’autres », assure le gradé. À commencer par la facilité de prise en main de l’engin, et son adaptation à tous les gabarits. « Pas besoin de réglages selon que c’est une telle ou tel autre qui est au guidon, une formation de quelques minutes et le sapeur-pompier est apte à manipuler la trottinette ».
Autre atout : en choisissant un modèle de bonne puissance, l’engin pourra apporter sur des lieux d’accident ou risque autre chose qu’une simple trousse de premiers secours. « Dans son sac à dos, l’opérateur peut aussi bien disposer d’un extincteur ou d’une bouteille à oxygène plus lourds. En intervenant à pied, il arrive avec cet effort d’avoir couru et porté. Là, le personnel arrive plus frais et donc plus en capacité à porter assistance. » Eh oui : de saugrenu, le projet devient utile.
« À ma connaissance, aucun corps de pompiers de Belgique (ou d’ailleurs) n’a encore adopté ce type de véhicule », indique le Colonel Thiry. Et de tempérer ceux qui démarreraient déjà tout feu tout flamme : « Là, on expérimente et on tirera des conclusions ensuite pour voir si cela mérite d’être déployé plus… »
Ainsi, les pompiers provinciaux et leurs engins vont lister d’autres grands événements et des terrains d’action pour analyser plus encore les capacités de ce possible nouvel équipement.
À copier ?
Pour l’heure, au Luxembourg, le CGDIS reste… circonspect disons. Déjà, dans l’immédiat, aucune commande de trottinettes en vue. À moyen terme, il faudra que les dirigeants du Corps grand-ducal d’incendie et de secours soient convaincus de l’utilité des engins. Mais pour l’heure, ces engins « n’apportent pas directement de plus-value par rapport aux moyens de transports déjçà utilisés au pays ».
Car les pompiers luxembourgeois aussi disposent d’autre chose que camions et jeeps pour aller porter assistance ou lutter contre un péril. Ainsi, dans l’arsenal, parmi le millier de véhicules du parc, on compte déjà des bicyclettes, des vélos électriques et des motos. Autant de deux-roues qui sont déjà sortis sur des opérations comme les marathons, l’Ironman, la Postlaf ou lors de la Fête nationale.
L’avantage premier pour les sapeurs en selle restant toujours de « transporter plus de matériel médical et de se déplacer plus rapidement qu’à pied ». À voir donc si l’introduction de trottinettes au sein des casernes apporteraient un plus… Après tout, le CGDIS n’est pas avare quand il s’agit d’investir dans le renouvellement ou l’harmonisation de ses véhicules.
En 2023, ce sont ainsi 49 nouveaux engins d’intervention motorisés qui ont été achetés. Et même quatre bateaux !
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