Les eaux sales en disent long sur notre santé
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 17/01/2025 à 06:01
Dès 2020, cela a été une des “surprises” de la crise Covid au Grand-Duché. Les chercheurs du LIST pouvaient “prédire” si le nombre de personnes infectées allaient monter ou descendre… Pas de la magie, juste de la science. Leur “truc” : l’initiative Coronastep, soit l’analyse d’échantillons d’eaux usées prélevées sur dans les stations d’épuration du pays. Y compris celle du Findel !
Ainsi, dans les milliers de m³ d’eau quittant les domiciles, les scientifiques pouvaient repérer la concentration plus ou moins dense du virus. Et donc alerter les autorités sanitaires d’une relance des infections ou d’une décroissance avant même que l’épidémie (ou son recul) ne se traduise dans les cabinets médicaux. Un indicateur scruté pour ajuster les lieux de vaccination préventive alors.
Même si aujourd’hui le Covid se fait plus discret -94 cas “seulement” enregistrés du 6 au 12 janvier-, les stations d’épuration ont conservé leur rôle de “vigie sanitaire“. Et bien au-delà du Covid puisque désormais y sont traqués les virus de la grippe, le VRS (responsable de la bronchiolite qui affecte les bambins) mais aussi les restes de pesticide, traces de médicaments voire même de… drogues.
À l’occasion, quatre sites d’épuration du pays peuvent même être mis à contribution pour repérer les traces de gastroentérites virales ou d’enterovirus (en cause dans la prolifération de la sinusite, des infections de l’oreille, de la méningite).
Reflet de notre santé collective
Évidemment, les résultats d’analyses sont d’abord orientés vers les scientifiques du Luxembourg Institute of Science & Technology (LIST) d’abord mais pas seulement. Ainsi, les rapports vont également être transmis aux différentes administrations concernées. C’est ainsi, par exemple, que durant l’hiver le ministère de la Santé d’abord peut publier chaque semaine un suivi des infections respiratoires en combinant les données des stations et celles reçues des médecins.
Mais le grand public peut aussi avoir accès en ligne à ces données. C’était déjà le cas sur géoportail.lu mais depuis quelques semaines le site microbs.lu est encore plus facile à consulter. Point besoin d’être microbiologiste pour observer où les virus circulent, la présentation se veut aussi simplifiée que précise.
L’ambition est de rappeler à chacun que « la surveillance des eaux usées donne le reflet de notre santé collective ». Mais ce nouveau site constitue aussi un formidable outil de vulgarisation scientifique. Les pages ne se contentent pas d’aligner tableaux et chiffres mais, au fil des clics, les internautes peuvent y découvrir des descriptions explicatives et encarts pédagogiques très intéressants.
Évidemment, mieux vaut ne pas être hypocondriaque à l’heure de consulter ces pages où la circulation des virus saute aux yeux. Mais quel plaisir d’avoir accès en toute transparence à ce suivi des infections virales, et voir dans quelle partie du Luxembourg il est plus “utile” de se protéger ou de mettre en place sérieusement les gestes barrières.
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