Voilà presque 20 ans que Jean Asselborn occupe le fauteuil de ministre des Affaires étrangères. Une responsabilité qu’il quittera sans doute, d’ici peu, avec l’arrivée du nouveau gouvernement. En attendant, le socialiste a tenu ce 20 octobre une conférence de presse au ton inhabituel pour cet humaniste rôdé aux questions migratoires.

En effet, si c’est lui qui depuis plusieurs années a incarné la politique d’accueil du Luxembourg a l’égard des migrants, voilà qu’il se voit contraint de repousser la porte. Pas la fermer certes, mais tenter de limiter l’accès au Grand-Duché désormais aux seules personnes vulnérables dans leur pays d’origine et familles avec enfant(s). La faute aux… “Dublinois”.

“Dublinois”, le terme vient d’un règlement européen signé dans la capitale irlandaise. Celui-ci indique quel État se retrouve responsable du traitement d’une demande d’asile faite issue d’un non-ressortissant de l’UE ou apatride. Et si le Luxembourg assume (volontiers) sa part, le pays n’est plus en mesure de recevoir toutes celles et ceux dont l’un ou l’autre des pays voisins n’a pas assuré le suivi.

SOS aux communes

Alors que le Grand-Duché a déjà mis en place près de 7.700 lits pour héberger ces réfugiés, ne resterait plus que 70 places disponibles… Rien que depuis janvier, le Luxembourg a ainsi tendu les bras et accueilli 1.918 réfugiés. Syriens, Erythréens, Afghans, Algériens, Vénézuéliens et tant d’autres.

Mais l’administration aux côtés de Jean Asselborn a étudié les dossiers et 49 % des arrivants ne devraient pas se retrouver au pays, en vertu du règlement en vigueur. Les voilà ces “Dublinois” indésirables, qui ont déjà déposé une demande de protection internationale ailleurs et qui sont devenus bien trop nombreux en un temps où le Luxembourg a aussi pris sous son aile quelque 1.300 Ukrainiens échappant à la guerre.

Aussi, à la veille de passer le dossier Immigration à son successeur, Jean Asselborn durcit l’attitude du Luxembourg. Les entrées seront limitées donc, et la diplomatie rappellera à certains États (du sud de l’Europe notamment) leurs obligations en matière d’accueil.

Cependant, pas la peine de faire comme si les mots allaient subitement stopper ces entrées de réfugiés au Luxembourg. Aussi, alors que les 68 structures gérées par l’ONA (Office national d’accueil) affichent complet, le ministre a lancé un appel aux communes. Que chaque bourgmestre s’interroge s’il peut, ou non, laisser à disposition quelques chambres ou logements pour donner un toit à ses migrants.

Junglinster et Echternach serait en voie de proposer une centaine de lits. Un geste appréciable mais qui pourrait s’avérer insuffisant. En effet, parfois, il est arrivé à l’ONA d’avoir à traiter 40 nouveaux arrivants le même jour.

 

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