Les détenus luxembourgeois ont du pain sur la planche
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 23/02/2023 à 13:02
2 commentaires
Une peine de prison constitue une privation de liberté, mais pas de travailler. On parle là de la règle 116 Nelson Mandela (adoptée par les Nations Unies) qui prévoit que « le prévenu doit toujours avoir la possibilité de travailler mais ne peut y être obligé ».
Ainsi, depuis longtemps, dans les deux centres pénitentiaires du pays, les détenus qui le souhaitaient pouvoir se voir confier des tâches en l’échange d’une rémunération. C’est ainsi, par exemple, qu’à Schrassig, près de 300 postes étaient proposés jusqu’alors. Quel job? Les condamnés étaient aussi bien occupés pour des travaux de peinture, reliure, blanchisserie ou de serrurerie.
Qu’en est-il dans la nouvelle “prison” de Sanem ? Eh bien, le Centre pénitentiaire Uerschterhaff (CPU) propose lui aussi cette option. Cela vient d’être confirmé par la ministre de la Justice. Sam Tanson répondant là à une question du député libéral Pim Knaff qui l’interrogeait à propos de l’établissement dédié aux personnes en attente de jugement.
Pas simple en effet de relier un emploi à un individu dont le sort derrière les barreaux peut changer du jour au lendemain. Toutefois, comme la réinsertion sociale des détenus est une priorité de l’administration pénitentiaire luxembourgeoise, l’accès à de telle mission doit être ouvert.
A quel tarif ?
Inauguré fin 2022, le CPU a ainsi ouvert, par exemple, sa cuisine centrale à des détenus prêts à aider à la préparation des repas servis quotidiennement. Douze postes (bientôt 14) sont déjà occupés en ce sens.
Et la ministre de la Justice de poursuivre : « Douze autres postes, consistant en des travaux de nettoyage et en d’autres travaux nécessaires au bon fonctionnement des services, ont aussi été créés ». Et tandis que le nouvel établissement se remplit progressivement, l’administration envisage de pouvoir y ouvrir 12 postes supplémentaires.
Mais l’offre reste insuffisante par rapport à la demande. Ainsi, 15 détenus figurent déjà sur liste d’attente et leur “profil disciplinaire” n’empêcherait pas leur contractualisation. Qui sait, d’ici peu, ils ne figureront pas au rang des demandeurs d’emplois mais bien des employés? En effet, dans un avenir proche, Uerschterhaff proposera à ses occupants de produire par eux-mêmes la lessive et les produits ménagers utiles au centre pénitentiaire.
L’association Eran, eraus … an elo ? qui s’occupe du sort des prisonniers au Grand-Duché s’offusque régulièrement du coût de cette main-d’œuvre incarcérée. En effet, pour des semaines de 35 h d’activité, un détenu peut percevoir un revenu compris entre 390 et 790 euros par mois. On est donc bien loin du taux horaire minimum pratiqué dans le pays…
L’asbl dénonce ces niveaux de salaire, prétextant qu’ils sont bien trop faibles pour permettre aux détenus-travailleurs les plus précaires de pouvoir satisfaire à leurs besoins personnel (café, cigarettes, rasoir, plaquettes de chocolat), sans même parler de la prise en charge de leurs frais d’avocat, de justice ou le dédommagement attendu de leurs victimes.
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pernety
Je sais bien que le Luxembourg est un pays cosmopolite mais publier un homme noir pour illustrer votre article, je trouve cela vraiment stigmatisant compte tenu du pourcentage de cette population au Luxembourg qui est loin d'ête majoritaire.
Alice2016
Choquée de l'intervention de cette ASBL "Eran, eraus … an elo ?" qui oublie d'inclure dans le salaire des prisonniers, les frais engendrés par leur incarcération.
Cette ASBL souhaite donc que les citoyens établis au Luxembourg continuent de payer les frais d'incarcération ? Ils ne nous ont pas demandé notre avis. Pour ma part, c'est NON.