À l’été 2022, le gouvernement luxembourgeois lançait une grande campagne d’économie d’énergie. Après que la Russie ait lancé son offensive en Ukraine et que les prix de l’électricité aient explosé, l’initiative s’imposait… Le pays cherchait alors des moyens simples de baisser la consommation de kilowatts électriques notamment. Une des solutions évidentes a alors consisté à jouer sur l’éclairage public la nuit. Du moins temporairement….

Au Grand-Duché, pas moins de 40 communes sur 100 se sont montrées intéressées, se souvient le conseiller en éclairage Daniel Gliedner du Parc naturel de l’Our. Aujourd’hui, elles ne sont plus que 16 à laisser leurs lampadaires éteints quand vient le soir…

La raison évoquée pour ce changement d’attitude est souvent la sécurité des citoyens. Un argument que l’expert repousse. Ainsi, aucune étude n’a démontré de lien entre éclairage nocturne des rues et tranquillité publique. Selon lui, c’est d’ailleurs une minorité de concitoyens qui s’impose sur ce dossier contre une majorité silencieuse d’habitants qui, en réalité, n’ont rien contre l’arrêt de l’éclairage nocturne.

Calcule difficile

Il est difficile d’évaluer l’importance de l’économie d’énergie (et donc de dépenses) réalisée via la régulation de l’éclairage nocturne. Le ministère de l’Économie ne peut avancer de chiffrage, pas plus que les municipalités concernées en fait. En effet, il n’est pas facile d’isoler la consommation d’électricité de l’éclairage public des autres consommations, explique le ministère.

« Un des problèmes du calcul est la manière dont le réseau d’éclairage public s’est développé au Grand-Duché », explique Daniel Gliedner. Jusqu’aux années 60, les Ponts et chaussées étaient l’unique responsable de l’éclairage. Lorsque les communes ont été autorisées à installer leurs candélabres, elles se sont souvent branchées au réseau existant de l’administration des routes. « Petit à petit, la situation se clarifie et les branchements se distinguent, mais cela prend du temps », commente le spécialiste.

25% en moins

Il est toutefois possible de calculer une valeur approximative. Au Luxembourg, il fait nuit un peu plus de 4.200 heures par an. On le sait parce que, jusqu’à récemment, des capteurs du gestionnaire de réseau Creos mesuraient les conditions de luminosité pour allumer et éteindre l’éclairage public. Si l’on éteignait chaque jour l’éclairage public pendant une heure (365 heures/an donc), on économiserait 8,69% d’électricité.

En 2022, le gouvernement avait suggéré aux communes d’éteindre l’éclairage entre 1 h et 5 h (soit 4 heures/jour). Cela aurait mathématiquement pu permettre d’économiser environ 35% d’électricité.

En se basant sur les chiffres des communes membres du « pacte climat » qui doivent donc documenter plus précisément leur consommation d’énergie, on peut dire que les municipalités ont pu économiser de manière réaliste entre 20 et 25% de leur consommation d’électricité pour l’éclairage public – si elles réduisaient l’éclairage la nuit en semaine et l’allumaient pendant le week-end.

Dans les communes ayant accepté d’économiser de l’électricité, les opérateurs de réseau ont tout simplement installé un programme avec les heures d’allumage et d’extinction sur les compteurs électriques modernes utilisés. Mais ces programmations numériques pouvaient tout aussi facilement être annulées.

De plus, il existe aussi une solution intermédiaire. La technique moderne des LED permet aujourd’hui aux communes de réduire l’intensité de l’éclairage public aux heures où le trafic est moins dense, de sorte qu’il soit moins lumineux.

Parmi les 16 communes restantes – selon le ministère – certaines éteignent aujourd’hui l’éclairage avant tout pour réduire la pollution lumineuse. « Seule une lampe éteinte est une lampe qui est bonne pour les animaux et les plantes », revendique Daniel Gliedner. Selon lui, l’éclairage permanent de nuit n’a pas seulement pour conséquence que nous ne voyons plus d’étoiles la nuit; il a également des effets drastiques sur faune et flore.

Pour le corps humains, la tombée de la nuit est le signal pour dormir. Lorsque l’éclairage public ou la lumière du voisin brille à travers la fenêtre, nous fermons simplement les volets. L’environnement ne peut toutefois pas se soustraire aussi facilement à la lumière. Daniel Gliedner cite l’exemple des papillons de nuit. Ils sont attirés par la lumière et il n’est pas rare qu’ils meurent d’épuisement. Ces animaux manquent alors pour polliniser les plantes.

Le spécialiste met également en garde aussi les particuliers qui éclairent leur propre maison en permanence ou laissent leurs guirlandes de Noël allumées toute la nuit. « Nous ne laisserions pas non plus le robinet d’eau couler sans raison, alors il faut faire de même avec notre consommation électrique ».

 

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