C’est un style, un mode de vie, un art, cela va devenir un enseignement tout ce qu’il y a de plus officiel. Ainsi, celles et ceux qui souhaitent devenir tatoueur vont maintenant pouvoir “apprendre le métier” en classe et décroché le diplôme qui s’avèrera nécessaire ensuite pour exercer au Luxembourg. Comme tout bon artisan en fait.

Ainsi, d’ici trois ans (durée de la formation), les premiers Diplômes d’aptitude professionnelle (DAP) en tatouage seront attribués aux élèves qui s’apprêtent à suivre cette option au Lycée du centre à Luxembourg-ville. Un cours reconnu par le ministère de l’Éducation et qui vient combler un vide. Jusqu’à présent, en dehors d’une formation obligatoire de 21 heures sur les règles d’hygiène, chacun-e pouvait ouvrir son salon et piquer, piquer, piquer.

Pour son lancement, la formation ne sera assurée en cours qu’en langue allemande. Elle s’adresse à des jeunes scolarisés (14 ans minimum) ayant terminé une classe de niveau 5P ou ayant réussi une classe de niveau 5AD/5G. Une partie de l’enseignement s’effectuera au lycée, mais bon nombre d’heures se fera en salon, au côté d’un professionnel déjà installé.

Un seul élève… mais une dizaine de places

Deux jours par semaine durant les trois premiers semestres, les leçons en milieu scolaire porteront sur les aspects théoriques et pratiques du métier. De la connaissance des instruments, des encres à l’approche clients en passant par le dessin, la colorisation, les réactions de la peau ou la gestion commerciale. Des connaissances à conforter auprès de l’entreprise formatrice, durant les 3 autres jours.

Pour les semestres suivants, le temps passé au salon sera plus important encore, et celui au lycée se réduira.

Pour nombre de jeunes candidats au DAP tatoueur, le plus dur tien justement dans le fait de trouver un salon qui accepte d’accueillir “un-e “apprenti-e”. Pas simple en effet dans ce métier individuel et de concentration d’avoir quelqu’un à ses cotés, lui transmettre conseils et savoir tout en restant attentif à son geste.

Conscient de cette difficulté, le lycée a d’ailleurs choisi de reporter les dates limites d’inscription à fin octobre. Sachant que pour l’heure, il n’y a qu’un seul élève officiellement admis en cours, pour une dizaine de places à pourvoir. « Ce n’est pas la filière qui n’attire pas, relativise le directeur du lycée Jean-Paul Lenertz. Mais il faut reconnaître que les adolescents qui veulent suivre cette formation ont des difficultés à trouver un tuteur déjà installé. Ce n’est pas la bonne volonté qui manque aux candidat-e-s mais parfois le sens artistique encore. Mais je pense que dans les semaines à venir, le message va être passé pour que les tatoueurs professionnels acceptent d’accompagner cette “relève”…»

De son côté, Jean-Paul Lenertz ne regrette en rien d’avoir vu le Lycée du centre être retenu pour la mise en place de ce DAP. « C’est dans la logique de ce que nous propositions déjà avec les formations Coiffure et Esthétisme. » Ne reste donc maintenant qu’à trouver les élèves pour remplir la salle de classe de cet enseignement en tatouage reconnu d’État, quasiment une première en Europe !