Lorsqu’en 2020, la Ville de Differdange, au sud du Grand-Duché, a acheté 110 hectares en France (sur la commune de Saulnes), les interrogations avaient été nombreuses. Pourquoi la France a-t-elle vendu des terres au Luxembourg ? s’étonnaient notamment certains. Ces 💶 2,5 millions d’euros d’investissements n’étaient-ils pas une annexion masquée du Luxembourg sur un territoire tricolore ? À un moment donné, il a même été dit qu’il était question  de faire de ce terrain un vaste verger ou potager… Les esprits se sont calmés, le silence est retombé sur ce terrain à cheval entre les deux pays.

« Le terrain en question est une ancienne carrière, explique Carlo Scacchi, chef du service Environnement à Differdange. Nous avions appris qu’il y avait un projet pour entreposer des déchets, là, juste à nos portes ». Si les élus n’avaient pas agi, une décharge aurait ainsi vu le jour, juste à côté du petit coin idyllique de Lasauvage. Et plutôt que de tenter de s’opposer au projet, la Ville a donc fait le choix d’acquérir la parcelle.

« Alors qu’il existe plusieurs réserves naturelles du côté luxembourgeois de la frontière, de l’autre côté ce n’était pas protégée ». Un entrepreneur aurait donc eu le droit d’entreposer là des tonnes et des tonnes de déchets, gravats et autres rebus. Differdange a fait blocage, mais a cependant dû se plier aux exigences du propriétaire des lieux.

Celui-ci a en effet céder non seulement l’ancienne carrière mais des terrains autour. Pas n’importe lesquels pour le coup : des forêts pionnières et des champs actuellement cultivés. « À l’époque, il y a eu un brainstorming au cours duquel l’idée de construire un 🌿 jardin sur une partie des terres a été évoquée. Il a également été question d’une 🗼 tour d’observation pour les enfants. On a également pensé à une installation agro-photovoltaïque ». Mais pour l’instant, on ne voit rien de tout cela. « L’agriculteur qui cultivait la terre le fait toujours. Et il nous paie un loyer…», peut se résumer la situation actuelle.

Une étroite collaboration 🇫🇷🤝🇱🇺

En bon voisins, les élus differdangeois entendent réfléchir au devenir des 110 ha avec leurs homologues lorrains. Avec les Meurthe-et-Mosellans, l’association Territoire Naturel Transfrontalier est née. Elle regroupe des représentants de Differdange mais aussi des communes françaises de Herserange, Hussigny-Godbrange, Saulnes et Haucourt Moulaine.

Concrètement, les discussions portent sur la manière dont le territoire (et pas seulement le terrain précis) peut être utilisé. Et cela au moins au profit des 40.000 concitoyens des cinq communes. « C’est une très belle région avec des sentiers de randonnée », note par exemple Carlo Scacchi. Les cinq communes comptent ensemble 40.000 habitants.

Les idées doivent être formulées, puis des fonds 🇪🇺 européens trouver. Dans le jargon des fonctionnaires européens, ces projets transfrontaliers sont appelés « zones fonctionnelles ». « À Hussigny, il y a notamment de vieux étangs de refroidissement qui pourraient être réhabilités ». Rien n’est encore décidé. Mais toutes les réflexions vont actuellement dans le sens de l’écologie, du tourisme et du social.

Ainsi, 🥾 randonnées à pied ou à 🚲 vélo font partie des suggestions les plus en vue. « Avec Fond-de-Gras, Lasauvage et les perles du côté français, nous avons une zone qui peut attirer les visiteurs et dans laquelle ils peuvent passer un ou deux jours ». L’idée est toutefois que les sportifs (comme les 🚵 vététistes) puissent aussi trouve leur bonheur sur ces espaces escarpés. Comme composante sociale, on réfléchit par exemple à la mise en place d’un 🛠️Repair Café.

Carlo Scacchi tient beaucoup à faire disparaître la frontière à travers ce dossier. « De Differdange, nous nous rendons toujours à Esch ou dans la capitale. Pour moi, il n’y a pas assez de gens qui vont à Hussigny, Saulnes… Il faut encourager cela. Nous pouvons tous en profiter ».

 

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