La Chambre des députés avait validé ce choix à l’unanimité. Le Grand-Duc Jean l’avait inscrit dans la loi. Mais l’abolition du service militaire obligatoire semble avoir du plomb dans l’aile ces derniers temps. Une interview de la ministre luxembourgeoise de la Défense au Wort, cet été, avait déjà mis le feu aux poudres. Yuriko Backes y parlait d’un « débat nécessaire ». Et de déclencher une nouvelle offensive d’interrogations, à la rentrée, en assurant à RTL qu’une « discussion » s’imposait sur le sujet…

C’est qu’en 57 ans, la donne a changé. La Guerre, qui n’était plus qu’un lointain souvenir en 1967, vient de se rappeler aux mémoires. Le conflit est là, aux portes de l’Europe. À moins de 2.000 km du Grand-Duché. Alors, la question se repose chez certains : faudra-t-il à nouveau engager chaque génération à servir sous l’uniforme ? Même le chef d’État-major n’échappe pas à l’interrogation. Et le général Steve Thull de botter en touche : « C’est un 🇱🇺choix politique »…

Dans le plan de la nouvelle majorité pour son mandat 2023-28, le dossier n’est toutefois pas abordé. Si l’Accord de coalition évoque bien le renforcement matériel et humain de l’Armée, insiste sur la modernisation du Centre militaire de Diekirch, du camp de Waldhof et du champ de tir au Bleesdall, pas un mot sur le retour de la conscription.

🪖Des renforts féminins

« Je ne suis pas mandatée pour cela », ne manque jamais de rappeler la ministre Backes. N’empêche, le sujet plane toujours… Au point qu’une récente pétition publique vient réclamer à ce que le service militaire ne soit jamais rendu obligatoire. Si la proposition venait à atteindre les 4.500 soutiens, un débat public s’imposerait. Le gouvernement luxembourgeois devrait alors se positionner, ce qui permettrait d’en savoir plus sur sa “stratégie”.

En attendant, l’Armée luxembourgeoise ne peut compter que sur l’engagement volontaire pour gonfler ses rangs. Ce qu’elle fait, étant passée de quelques centaines de soldats et civils à près de 1.300 aujourd’hui.

Reste qu’autour du Luxembourg, d’autres États ont aussi mis la question sur la table. Face aux risques de conflit militaire accrus, l’Allemagne a ainsi présenté, en juin, un nouveau modèle de service militaire avec 🇩🇪recensement obligatoire des recrues potentielles pour renforcer la Bundeswehr. Cela alors que la conscription  avait été abolie en 2011.

En 2015, la Lituanie avait réinstauré le service militaire obligatoire. Un choix temporaire qui se prolonge encore aujourd’hui et s’applique aux hommes de 🇱🇹19 à 26 ans (pour un engagement de 9 mois). La Suède a fait ce même choix, inquiète par l’attitude de son voisin russe. Stockholm faisant le choix d’un 🇸🇪service “sélectif” parmi les jeunes hommes et filles concernés.

France et Belgique au repos

Depuis le 1er janvier 2024, la Lettonie en appelle aux garçons de 18 à 27 ans pour servir les troupes du pays 🇱🇻12 mois durant. Cela alors qu’elle avait abandonné ce mode de conscription en 2007.

Si la Norvège a conservé son service militaire basé sur le volontariat, voilà 9 ans qu’Oslo l’a 🇳🇴ouvert aux femmes. Là les sélectionné-e-s peuvent être enrolé-e-s jusqu’à 19 mois sous les drapeaux. En mars dernier, le Danemark  a réformé sa conscription en 🇩🇰rallongeant la durée (de 4 à 11 mois) et en y incluant là aussi les femmes. A priori, la mesure doit entrer en vigueur en 2026.

Par contre, la problématique ne se pose pas en 🇪🇪Estonie, 🇫🇮Finlande, 🇦🇹Autriche ou 🇬🇷Grèce. En effet, ses pays n’ont jamais aboli le service obligatoire.

En France, le président Jacques Chirac a mis fin (🇫🇷en 2002) à la conscription. Tandis qu’il a fallu attendre 2015, en Belgique, pour que la mesure instaurée en 1830🇧🇪 ne s’applique plus. Mais ni à Paris, ni à Bruxelles, la question d’un possible retour en arrière ne semble se poser pour l’heure.

 

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