Sur la concertation autour de la réforme des retraites, le Luxembourg a lancé le 1er étage de la fusée le mois dernier. Le site Schwätz mat! devant recueillir les premiers avis, disons, du grand public. Ensuite, entre prises en compte de l’avis d’experts, organisation de tables rondes, débats à la Chambre des députés, le gouvernement se laisserait jusqu’à 2027 pour trancher sur les orientations à venir.

Et pas question pour l’ALEBA de rester en dehors du dialogue. Le syndicat rencontrera ainsi la ministre en charge du dossier le 29 novembre prochain. Mais déjà Martine Deprez sait à quoi s’attendre et ce qu’elle va entendre lors de ce rendez-vous. En effet, la formation (ouverte à tous les secteurs d’activité et pas seulement au domaine des banques et de la finance) vient de lister les points qu’elle entend défendre.

Pour le syndicat dirigé par Roberto Mendolia, il faut d’abord en finir avec les projections à 20 ou 30 ans. Comme OGBL ou LCGB, une approche à plus court terme serait préférable. D’autant que les projections jusque-là évoquées concernant le système de pension ont « souvent été erronées ».…

Une prime “intouchable”

Les réserves du fonds de pension étant conséquentes (de l’ordre de 24 milliards d’euros), l’ALEBA estime qu’il ne faut pas prendre des « mesures précipitées » mais au contraire, s’appuyer sur le “matelas” encore disponible pour équilibrer recettes-dépenses pour s’offrir un temps de réflexion. Reste que pour la structure, il y a des fondamentaux à respecter.

Déjà le maintien de l’âge légal de 65 ans actuel pour bénéficier d’une possible retraite pleine. Par ailleurs, demande est faite de tenir compte de la pénibilité et des conditions de fin de carrière pour fixer l’échéancier de départ en retraite.

Parmi les avantages “intouchables”, l’ALEBA pointe aussi la prime de fin d’année (dont bénéficient l’ensemble des retraités, résidents comme frontaliers). « Cette prime est essentielle pour de nombreux ménages. »

Par ailleurs, le syndicat estime que, si révision il y a, il faudra augmenter le niveau de la pension minimale. « Il faut que celle-ci dépasse le seuil de pauvreté (NDLR : 3.120€ mensuel)», insiste-t-on pour défendre la cause de celles et ceux qui aujourd’hui déjà touchent les plus bas salaires au Grand-Duché. « Il est inacceptable que des retraités peinent à vivre dignement après une vie de labeur.» Tout comme une vigilance particulière doit être accordée aux pensions versées aux femmes, souvent bien plus basses.

Pour « réduire les disparités liées au genre », suggestion est faite de revoir l’importance des interruptions de carrières dues à des raisons familiales dans le calcul des pensions vieillesse accordées.

Et pour que nul ne reproche au syndicat de n’envisager que le volet Dépenses, l’ALEBA avance aussi des idées « pour pérenniser le système sans compromettre les acquis sociaux ». À commencer par l’arrêt du plafonnement des cotisations pour les plus hauts revenus. Aujourd’hui, le seuil est fixé à 154.000 euros/an. Sans cette limite, des recettes supplémentaires tomberaient dans les caisses de la CNAP.

Taxer les superprofits et l’IA pourrait également générer des rentrées financières intéressantes. Tout comme la mise en place de mesures assurant le maintien en emploi des seniors permettrait de prolonger les cotisations de nombreux salariés quiqua ou sexégénaires au système de répartition.

Enfin, last but not least,  l’ALEBA estime qu’il est temps d’harmoniser l’ensemble des régimes de retraite (salariés, fonctionnaires, communaux, indépendants) pour garantir un traitement équitable et assurer la pérennité des
pensions pour les générations futures.


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