Quand la 1ère Commission intergouvernementale franco-luxembourgeoise s’est tenue, en 2010, 75.000 frontaliers venaient quotidiennement de Lorraine vers le Luxembourg. Aujourd’hui, ils sont 120.000… et à l’avenir, c’est encore vers l’Hexagone que le Grand-Duché se retournera massivement pour recruter les 300.000 salariés dont il sait devoir avoir besoin d’ici 2030.

Mais ce lundi 17 avril quand la 7ème commission s’est achevée, c’est un peu comme si rien ne pressait pour résoudre les problèmes du quotidien de ces navetteurs ou télétravailleurs vivant dans un pays et travaillant pour l’autre. La pagaille qui règne autour des déclarations fiscales de revenus ? « Nous apporterons une réponse d’ici quelques mois », répond benoitement Laurence Boone, secrétaire d’Etat chargée de l’Europe. C’est pourtant maintenant qu’il faudrait rassurer les contribuables tricolores ?

Du concret pour des améliorations dans le réseau ferré entre les deux pays? Toujours aucune somme avancée côté Paris. On reste sur les promesses déjà faites : 8.000 places dans les TER aujourd’hui, 14.000 en 2025, 22.000 en 2030. Le Grand-Duché s’est positionnée pour une enveloppe de cofinancement de 220 millions d’euros, il faudrait positionner des investissements en face.

Quid de l’A31bis ? Le dossier est toujours sur le bureau du préfet et n’a pas encore été transmis au ministre des Transports français pour valider un tracé. Quels projets présenter au Luxembourg qui a voté 220 millions d’euros de cofinancement ? «Une étude globale sur la mobilité va être lancée. » A croire que rien ne presse donc. Qu’il n’y a pas de bouchons, pas de quais de gare saturés, de rames bondées

Avançons !

Alors, certes Laurence Boone et Corinne Cahen, ministre luxembourgeoise à la Grande Région, auront signé quelques accords. Mais ce ne pas en les qualifiant de « primordiaux » ou « essentiels » qu’ils gagnent en importance… D’accord, les deux pays voisins ont convenu un accord pour faciliter la formation de futures infirmières et médecins depuis l’Uni de Belval mais avec des passerelles vers les hôpitaux ou universités du Grand Est. Mais le projet n’a rien de nouveau.  Le voilà juste ratifié.

La création d’un Observatoire de données de santé, de surveillance et d’alerte a aussi été annoncée. L’idée étant notamment de connaître les ressources médicales en place ici ou là pour orienter les patients de Lorraine ou du Grand-Duché plutôt que de les faire attendre longtemps ou effectuer de longs trajets. Bonne idée, avançons. Belgique et Luxembourg donnent déjà l’exemple, il n’y a qu’à suivre.

Même élan attendu sur des questions de remboursement de frais de santé non pas seulement pour les frontaliers ou résidents affiliés à la CNS mais bien pour toute la population du bassin de vie. Un groupe de travail a été constitué. Et puis un autre sur l’environnement, un autre pour “consolider une feuille de route” sur des actions culturelles…

A défaut de présenter un bon plat de décisions importantes, la Commission sert quelques miettes. Tiens, par exemple, les polices françaises et luxembourgeoises vont collaborer pour des patrouilles mixtes dans les gares, dans les trains et les routes et autoroutes frontalières. Un délice non?

Au menu du jour, on a aussi servi cette “déclaration d’intention” de” créer un parcours plurilingue renforcé notamment en langue luxembourgeoise. Le Grand-Duché est prêt à mettre à disposition des assistants et des enseignants pour venir apprendre aux élèves les rudiments d’un vocabulaire et d’une grammaire qui pourrait leur être utile durant leur prochaine carrière. Les premiers cours se feraient en école élémentaire à Villerupt et le suivi au collège d’Audun-le-Tiche. Super, à un détail près : les marmots de Meurthe-et-Moselle ne vont pas faire leur secondaire en Moselle ! Bref, ça ne fait guère sérieux et certainement pas à la hauteur des véritables enjeux entre les deux pays.

Corinne Cahen a bien senti le malaise, s’en tirant d’une formule élégante : «Ce ne sont peut-être que des petits pas mais ils vont dans le bon sens ! »

 

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