Sept kilomètres, ce n’est pas grand-chose. Et pourtant, c’est peu dire que la nouvelle liaison en cours de chantier Bettembourg-Luxembourg est primordiale pour les CFL, voire même le pays tout entier. Renforcer l’infrastucture ferroviaire à cet endroit-là devant permettre de fluidifier le trafic des trains vers ou depuis la Lorraine et donc faciliter les navettes quotidiennes de (dizaines de) milliers de frontaliers notamment.

Mais, pour l’heure, ce méga-projet est surtout une affaire de bâtisseurs plus que de transporteur. Ça creuse, ça rase, ça aplanit, ça bâtit, ça pose de nouveaux ouvrages avant le passage des premières rames en 2027. Le paysage ferroviaire s’agrandit mais pas question que Dame Nature en fasse les frais.  « Dans les Années 80, lorsque l’autoroute A3 a été tracée, personne ne se souciait de l’empreinte écologique, explique Rui Raimundo, responsable du projet aux CFL. Aujourd’hui, c’est complètement différent ! » Une touche de vert au milieu des engins jaunes.

Plus question désormais sur une opération de cette envergure (10 ans de travaux !) de négliger l’impact sur les terres, les arbres, les cultures, les animaux, les cours d’eau. L’ordre est de minimiser les conséquences sur l’environnement, d’où notamment ce choix de placer la ligne au plus près de l’autoroute ou des anciens rails…

Dépôts, nichoirs et plantations

Les planificateurs des CFL portent aussi une attention particulière au sort des matériaux d’excavation. Les tonnes de terre prises ici ne doit pas faire de longs (et polluants) voyages dans la benne d’un camion avant d’être redéposée. Cette fois, l’idée a consisté à garder cette terre, une matière première pour de prochains chantiers sur la voie ferrée. D’où l’apparition de monticules (« des dépôts ») dans le paysage.

Par ailleurs, l’investissement est aussi sujet au système de compensation environnementale instauré depuis quelques années au Luxembourg. Les différentes opérations sont quantifiées en points (grosso modo : plus la destruction du milieu est importante, plus le total de points augmente) avant d’être contrebalancées ici par des plantations d’arbres, là par une protection des points d’eau, ailleurs par la pose de nichoirs pour faciliter la reproduction de tel oiseau…

C’est ainsi que de la nouvelle ligne Bettembourg-Luxembourg est né le passage à faune qui surplombe l’A3 au nord de l’Aire de Berchem, en remontant vers la capitale. Un ouvrage de 72 mètres de long pour 51 m de large qui impressionnent les conducteurs par ses dimensions et devraient à la faune de transiter du bois du Fennerholz d’un côté de l’autoroute à un terril sur l’autre versant. Deux points où les animaux avaient leurs habitudes avant l’intervention de l’Homme et ses machines.

À lui seul, ce “pont à gibier” passant au-dessus de la 2×3 voies aura coûté 11,7 M€ aux CFL. Enracinement de 2.400 arbustes inclus dans la facture…

Parmi les compensations, il faut aussi ajouter cette paroi antibruit qui court sur une partie de la liaison en cours de construction. Le mur est constitué de paniers métalliques (gabions) remplis de cailloux, avec un tissus isolant phonique entre les pierres. Une dépense faite pour que les bêtes ne soient pas effrayées au son du passage des trains (et du bruit de l’A3) et que les riverains n’en souffrent pas plus.

Parallèlement au futur axe Nord-sud du train, les CFL créent également de nouvelles pistes cyclables. Ces passages auront d’ailleurs une double fonction, non seulement permettre la circulation des vélos mais aussi servir de piste d’accès aux secours en cas d’accident.

Si ces pistes cyclables n’entrent pas dans le calcul des mesures compensatoires, elles visent à promouvoir la mobilité douce. Et même si locomotives et wagons constituent l’ADN même des Chemins de fer luxembourgeois, pas question pour la compagnie négligeable de négliger cet autre mode de déplacement.


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