La médecine du travail se cherche un nouveau souffle
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 21/12/2022 à 11:12
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Au Grand-Duché, un médecin du travail ne devrait prendre en charge qu’un maximum de 5.000 salariés. La réalité est tout autre. Le pays serait bien plus proche d’un docteur pour 7.000 employés… Et voilà une situation dont va hériter George Engel (LSAP). Le ministre du Travail reprenant une tutelle jusque-là assumée par sa collègue du ministère de la Santé, Paulette Lenert.
Les chantiers ne devraient pas manquer, tant ce secteur apparaît comme délaissé et… dispersé. En effet, en dehors de la Division de la santé pour les fonctionnaires, la prise en compte des l’état physique et psychologique des salariés du privé repose sur huit services de santé différents.
Ainsi, par exemple, des entreprises comme Dupont de Nemours, les CFL, ArcelorMittal ou Cactus disposent de leur propre service interne de médecine du travail. Idem pour l’industrie, sous le patronage de la Fédération luxembourgeoise FEDIL, le tertiaire et la finance via l’ABBL ou encore les soignants hospitaliers sous couvert de l’Entente des hôpitaux. Et certains de s’interroger sur l’indépendance des avis médicaux formulés dans ces situations.
Le STM manque de blouses blanches
Le Service de santé au travail multisectoriel, reste l’unité la plus importante au Luxembourg. Mais avec moins d’une cinquantaine de médecins et plus de 307 000 salariés sous son aile, le STM est aussi à bout de souffle pour assurer ses missions.
Dans son rapport annuel 2021, le STM estimait même à un manque de médecins de l’ordre de 33% pour fonctionner correctement… Un ratio qui ne fait qu’empirer, plus de blouses blanches quittant le service qu’y rentrant.
Le ministre du Travail (ou certainement son successeur après les élections législatives de 2023) devra donc s’atteler à un grand toilettage. Il lui faudra aussi redonner de l’attrait à cette mission médicale spécifique. Utile à la société mais parent-pauvre des politiques de santé, ici comme ailleurs.
Cela pourrait passer, notamment, par la mise en place d’une formation en médecine du travail dispensée par l’UNI. Ce qui n’est pas encore le cas.
Un Plan national en préparation
Dernièrement, le syndicat OGBL a rencontré Georges Engel et n’a pas manqué de lui faire part de son ordonnance pour soigner la médecine du travail. Et le syndicat de proposer notamment comme remèdes de « créer un service unique de santé au travail, avec pour modèle de gestion, l’actuel service multisectoriel de santé au travail (STM) ».
Pour le syndicat, il convient en effet de débrancher l’activité de contrôle/prévention santé des employés de la gestion des représentants des employeurs. « Or, seul un service garantissant l’impartialité dans son mode de fonctionnement peut prétendre à une médecine de santé au travail préventive, agissant en toute indépendance et dans l’intérêt de tous les acteurs », pointe la formation dirigée par Nora Back.
Parmi les suggestions adressées, l’OGBL a aussi demandé à ce que des infirmiers et des infirmiers spécialisés reprennent certains actes jusque-là confiés aux seuls médecins du travail. « Ces derniers se concentrant alors mieux sur la prévention et la protection de la santé des salariés sur leur lieu de travail. »
Des cotisations à revoir ?
Qu’est le ministère retiendra de ces propositions ? Trop tôt pour le dire. En tous cas, Georges Engel a annoncé de prochaines réflexions autour d’un futur Plan national de santé et de sécurité au travail.
Ce pourrait être, qui sait, l’occasion d’accorder plus d'argent à la médecine du travail. Après tout, comme le faisait remarquer la Chambre des salariés il y a quelques mois, voilà bien longtemps que la cotisation entrepreneuriale n’a pas augmenté (de l’ordre de 0,1% de la masse salariale). Face à l’augmentation de la main-d’œuvre au Luxembourg et au manque majeur de médecins spécialistes, peut-être faut-il rehausser les moyens financiers engagés ?
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Mrpolly
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