Giboulées de neige, froid : ce n’était pas un temps à manifester ce vendredi matin, à Luxembourg-ville. Pourtant le rassemblement matinal prévu par les deux syndicats OGBL et LCGB a bien eu lieu Place Clairefontaine. La cause du jour (la lutte contre les disparités frappant les salariés frontaliers) méritant visiblement d’affronter les conditions météo. Car, pas de doute, 47% de la main d’œuvre actuelle du Grand-Duché n’est pas traitée à parité avec ses collègues résidents. « Trop de tracasseries administratives et discrimination fiscale ! »

Il y a cette double imposition qui menace certains des travailleurs venus de France ou encore cette épée de Damoclès qui pèse désormais sur leur tête en cas de chômage. Côté belge, on déplore ces jours d’astreinte pris en compte dans le décompte du seuil de “tolérance fiscal” du télétravail. Et ces heures supplémentaires que Berlin va imposer à ses ressortissants en poste au Grand-Duché ne sont pas plus acceptables. Pour Nora Back (OGBL) ou Christophe Knebeler, il s’agit là de « barrières invisibles » qui pénalisent quelque 230.000 hommes et femmes.

Au milieu de la foule, un participant était particulièrement attentif. Le ministre des Finances en personne qui, mains dans les poches, a laissé passer la salve de sifflets et reproches. Imperturbable Gilles Roth même lorsqu’à la tribune les syndicaux ont reproché au gouvernement luxembourgeois (actuel ou passé) d’avoir « consciemment accepté de négocier et signer des conventions fiscales ou accords introduisant des inégalités de traitement pour les frontaliers ».

Mais une fois dénoncée cette « politique scandaleuse », « irrespectueuse », « qui réduit les frontaliers à des salariés de 2e classe », qu’ont à proposer les deux syndicats ?  Déjà l‘arrêt des contrôles possibles aux frontières françaises ou allemandes, à l’encontre de la liberté de circulation des travailleurs, contraire à l’esprit des Accords de Schengen.

Ensuite, OGBL et LCGB entendent que Luc Frieden et ses ministres bougent : qu’ils renégocient les conventions fiscales et accords mis en cause, qu’ils travaillent à faciliter le télétravail des frontaliers (par l’augmentation des seuils fiscaux -au-delà des 34 jours- et l’assouplissement des règles de sécurité sociale matière de home-office), qu’ils conviennent avec leurs partenaires de Paris, Bruxelles et Berlin d’une politique transfrontalière garantissant les mêmes droits fiscaux, droits aux prestations familiales notamment.

Le ministre a écouté, entendu… mais n’a pas pris la parole pour réagir. On saura vite quels messages seront suivis d’actes ou pas.

 


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