Il en aura fallu des combats (perdus) avant que naisse la Chambre des salariés, au Luxembourg. Des grandes grèves, des colères dans les usines, dans les rues, au Parlement même. À l’heure de souffler les 100 bougies de la CSL, sa présidente n’a surtout pas voulu faire l’impasse sur cette histoire. Mais Nora Back de surtout rappeler : « Nous sommes peut-être déjà vieux mais nous sommes encore terriblement jeune ! »

Un message adressé, jeudi soir, aux oreilles du Grand-Duc, du nouveau chef de gouvernement, de plusieurs ministres, de dizaines de chefs d’entreprises et de centaines de personnes rassemblés pour cet anniversaire. Et celle qui incarne depuis 2019 « la voix du salarié » d’enfoncer le clou : « Ce que nous disons doit être entendu ». La nouvelle majorité CSV-DP est prévenue…

Même centenaire, la CSL n’a donc pas sa langue dans sa poche. Et le Premier ministre Luc Frieden a dû avoir les oreilles qui sifflent en écoutant le discours de la présidente. « Le sujet des inégalités ne doit plus être ignoré. Mais la solution du problème ne semble pas figurer en haut des priorités de nos politiques ! (…) Qu’est-ce qui va être entrepris pour sortir des injustices  fiscales que nous dénonçons depuis des années ? (…) Nous n’accepterons aucune détérioration du système des pensions », etc. Sans compter une intention à porter sur le bien-être du salarié au travail (« pas seulement sa santé physique mais mentale aussi ») : les attentes sont grandes de la part de l’institution surnommée “Le Parlement du travail”.

Réflexions, formations, élections

Et si la Chambre des salariés peut se montrer encore aussi (im)pertinente, c’est qu’elle sait de quoi elle parle. Chaque année, son Quality of work index dans le pouls du salariat. Sur chaque projet de loi, la CSL émet des avis. En lançant sa plateforme improof.lu, elle a créé un think-tank ouvert à la réflexion sur la société luxembourgeoise. Sans oublier ses propres propositions de loi (sur le travail pour des plateformes par exemple) ou encore la mise en place de son propre centre de formation continue, le life-long learning center.

Ouvert depuis 1971, avec des premiers cours du soir portant sur l’informatique, le centre constitue d’ailleurs un succès formidable de la CSL. Aujourd’hui, près de 5.000 hommes et femmes profitent chaque année de ses formations pour varier ou améliorer leurs compétences professionnelles. « La prochaine étape serait d’ancrer le droit à la formation continue dans la législation luxembourgeoise. »

Mais surtout sa force, la Chambre des salariés la tient de sa représentativité. Car du jeune de 16 ans en apprentissage jusqu’au plus ancien retraité, du frontalier au résident, la CSL est l’institution représentant le plus de monde au Grand-Duché. Et les élections sociales 2024, avec ses 617.000 électeurs, le démontreront encore.

Si le scrutin permet de déterminer les délégués du personnel en entreprise, il a aussi pour but de désigner les représentants syndicaux qui seront, demain, à la tête de la Chambre. Qui dirigeront ses actions, ses initiatives, ses attaques ou ses services. D’où l’importance des votes de mars prochain !

 

 

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