Ces derniers mois, le Luxembourg a déjà promis de faire un (gros) effort pour son budget Défense. On parle de 1,4 milliard d’euros accordés en 2030 à ce seul poste de dépenses. À comparer avec  les 728 M€ attribués aujourd’hui, ou les 190 M€ en 2014, on voit déjà que le Grand-Duché a clairement déjà changer de stratégie militaro-financière.

Pour le Gouvernement Frieden, il s’agissait d’atteindre dans les 5 ans les 2% de Revenu national brut dédiés. Soit davantage d’argent pour recruter plus de soldats pour l’Armée luxembourgeoise au pays, améliorer leur équipement mais aussi participer d’avantage au financement des organes de Défense internationaux, en premier lieu l’OTAN.

Sauf que tout ce programme, c’était “le monde d’avant”. D’avant l’enlisement depuis trois ans de la Guerre en Ukraine (aux portes de l’Europe). D’avant le retour de Trump à la Maison blanche et le caractère imprévisible de ses décisions en matière de sécurité globale. D’avant une Chine se montrant de plus en plus hégémonique… Et le Premier ministre luxembourgeois de reconnaître : « L’Europe n’a plus beaucoup d’amis dans le monde. »

Penser comme une Armée commune

Sauf que pour Luc Frieden, cette dégradation géopolitique n’apporte rien de bon non plus pour le Luxembourg lui-même. Ses effectifs militaires sont bien trop insuffisants pour parer à une quelconque attaque, et « c’est bien le respect du Droit international qui notre arme la plus puissante pour nous protéger ».

De l’intérêt donc de se trouver des partenaires, prêts à combattre ensemble pour se protéger, et partageant des « valeurs et des principes communs ». Sans oublier de se serrer les coudes : « Nous Européens devons produire plus d’armes et être interopérables (…) Les 27 ne doivent plus aligner leurs troupes les unes à côtés des autres mais sans doute penser comme une Armée commune », encourage le Luxembourg désormais.

Preuve que ce ne sont pas là que des mots, Luc Frieden a donc aussi sorti le carnet de chèques. De 2% du Revenu national brut du pays, le pays serait prêt à grimper à 3%. Là encore un effort loin d’être négligeable pour les finances grand-ducales.

Pour l’heure, aucune décision n’a été prise. « Mais des discussions sont en cours pour augmenter cet effort (…) même si la décision n’est pas à prendre à la minute. » Mais en faisant ce geste, le Luxembourg se mettrait à la hauteur de l’engagement d’autres nations.

Avec le conflit russo-ukrainen, des États comme la Pologne (4% de son produit intérieur brut), l’Estonie, la Lettonie ou la Lituanie ont déjà augmenté l’enveloppe budgétaire consacrée aux dépenses de Défense.

En 2024, les dépenses totales de Défense des États membres de l’Union ont atteint 326 milliards d’euros.

Sur la touche

Vendredi, Luc Frieden a quitté le Luxembourg pour assister à la Conférence de Munich sur la sécurité à Berlin. Le Premier ministre luxembourgeois rejoignant les rangs de la cinquantaine de chefs d’État ou de gouvernement invité à discuter de la sécurité de l’Europe, en présence du  vice-président US. Un JD Vance lançant à ses “alliés” : «Nous pensons qu’il est important que les Européens renforcent leur défense pendant que l’Amérique se concentre sur les régions du monde qui sont en grand danger ». Presqu’un au-revoir…

Par contre, pas de Luc Frieden invité ce lundi 17 février par le Président Macron pour une réunion impromptue sur le soutien à apporter à l’Ukraine. Seuls y étaient conviés « les grands pays européens », selon l’Élysée… Pas de quoi ravir le Grand-Duché !

Pologne, Italie, Royaume-Uni, Allemagne et Danemark ont ainsi pu échanger notamment avec un représentant de l’Otan sur le sort de Kiev. Dommage de laisser ainsi le Luxembourg sur la touche, selon Luc Frieden : « Je n’ai aucun problème avec le fait que d’autres pays se réunissent pour discuter de questions militaires (…) Mais ce serait mieux si nous étions 27 !» L’esprit de corps manque visiblement encore.

 

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