Non, le Luxembourg n’a pas toujours été représenté par une emblème à trois bandes horizontales, rouge, blanche, bleue. Et les historiens peuvent même lister un “arc-en-ciel” de coloris retenus depuis que la nation existe. À commencer par l’emblème jaune et rouge qu’arborait le comte Guillaume de Luxembourg en l’an de grâce 1123. Depuis victoires ou défaites, invasions ou conquêtes ont fait passer le fanion par toutes les couleurs, avant l’adoption de la version actuelle en 1972, et son officialisation en… 1993🇱🇺.

Mais en trois décennies, régulièrement, refait surface la volonté de changer à nouveau d’étendard pour le Grand-Duché. Et en cette fin 2024, voilà une pétition publique repartant à l’assaut. convaincre le pays d’adopter… un lion. Enfin plutôt le fameux “Roude Léiw” qui viendrait ainsi, à l’international, montrer les griffes. Pour Lenny Haag, il est ainsi temps que le Luxembourg soit ainsi  « mieux représenté à travers un symbole qui nous appartient véritablement ».

Pour le pétitionnaire, il est aussi temps de changer pour qu’il n’y ait plus de confusion entre les drapeaux du 🇱🇺Luxembourg et des 🇳🇱Pays-Bas, dont la seule nuance tient dans l’intensité du bleu flottant au vent (bleu outremer côté néerlandais, bleu ciel pour le Grand-Duché). Une confusion qui a encore frappé lors de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques de Paris, cet été, où les athlètes du pays ont dû parader avec la même bannière que les sportifs bataves…

« C’est ce que nous sommes ! »

Pour argumenter le choix du Roude Léiw, Lenny Haag assure voir en l’animal « un emblème chargé de sens pour les Luxembourgeois. L’adoption de ce drapeau offrirait une meilleure reconnaissance de notre héritage tout en consolidant l’unité nationale autour d’un symbole fort et distinctif ».

À l’heure où déjà le pays s’apprête à changer de Grand-Duc, va-t-on voir le drapeau lui aussi se rajeunir ? Il faudra (au moins 2.500 soutiens) pour que l’idée soit débattue à la Chambre. Mais une chose est sûre : la question refait régulièrement surface au pays, signe que tout n’est pas réglé sur ce point qui -de loin- pourrait apparaître comme anecdotique à certains.

Ainsi, en 2006 encore, le député Michel Wolter (CSV) avait lui aussi suggéré l’idée d’imposer le “Lion rouge”, qui frappait déjà les navires battant pavillon luxembourgeois sur les eaux de la Moselle ou les avions nationaux. Le projet de loi avait agité les parlementaires et même créé un vaste mouvement de soutien parmi la population. Le slogan “Ech sin dofir” (« Je suis pour ») devenant extrêmement populaire parmi les résidents.

Le Conseil de gouvernement avait clôt les débats, en 2007. Avec un Jean-Claude Junker (alors Premier ministre) exprimant un Jugement de Salomon (ni pour, ni contre) : le drapeau tricolore devant garder son statut de drapeau national, mais affirmant que, sur le territoire du Grand-Duché, l’emblème au Lion Rouge pourra être utilisé au même titre que le drapeau aux trois bandes…

Et Jean-Claude Junker d’affirmer alors qu’il fallait conserver le fanion rouge-blanc-bleu car « c’est ce que nous sommes, comme nous sommes (…) C’est un drapeau qui nous a accompagnés pendant plus de 150 ans d’indépendance ». Le Premier ministre suggérant que le Lion puisse être déployé « lors d’événements nationaux patriotiques ou sportifs ou culturels ».

Et ailleurs ?

🇧🇪 1830 : c’est à cette date que la Belgique s’est choisie le drapeau qui, aujourd’hui encore, lui sert d’emblème national. La constitution fixant à la même époque la devise nationale “L’union fait la force”. Mais un an plus tard, il y avait déjà un changement majeur : la position des bandes noirejaunerouge passant d’horizontale à verticale. 

🇫🇷 C’est également en 1830 que la France se choisit son drapeau bleu-blanc-rouge. Et la succession des empires, monarchies et républiques n’allait jamais revenir sur ce choix. Toutefois, un infime changement est intervenu au XXe puis au XXIe siècle. Ainsi, a-t-il été un temps choisi d’adopter le même ton de bleu que l’enseigne de l’Union européenne (bleu cobalt). Un choix sur lequel est revenu le président Macron lui préférant le bleu marine en 2021.

🇩🇪Dès le XIXe siècle, l’Allemagne avait choisi ses couleurs : noirrougejaune. Mais de la domination prussienne à la période nazie en passant par l’administration alliée ou la division Est-Ouest du territoire, le pays a pu être représenté par d’autres bannières. La réunification de 1989 allait marquer le retour du drapeau “originel”. Mais culturellement le déploiement du drapeau dans les grands événements n’est pas une coutume ancrée dans les habitudes modernes de la population.

 

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