Face au scandale Caritas, l’État ferme le porte-monnaie
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 25/07/2024 à 05:07
Les migrants, les sans-domiciles, les familles en difficulté : le champ d’intervention de Caritas Luxembourg était et reste vaste. Et pour beaucoup de ces missions, c’est directement l’État luxembourgeois qui demandait (et finançait) l’assistance des professionnels de l’asbl. Sauf que l’annonce du détournement XXL dans les caisses de l’association vient rebattre la donne.
Ainsi, au terme de la présentation du bilan de ses huit mois à la tête du pays, le Premier ministre est revenu sur le scandale dévoilé voilà quelques jours. Rassurant et ferme dans sa prise de position. Rassurant en indiquant que « ce n’est pas l’argent de l’État qui a été volé ». Autrement dit si 61 millions d’euros (!) ont effectivement disparu des comptes depuis janvier 2024, les caisses publiques n’ont en fait versé “que” 21 M€ sur la même période.
Une somme qui correspondait bien en grande partie à des « prestations déjà effectuées », a indiqué Luc Frieden. La majeure partie de l’argent détourné proviendrait ainsi des lignes de crédit bancaire de l’association. Association dont une employée a été mise en garde à vue dans le cadre de ce scandale.
La fermeté est venue ensuite dans les propos du chef de gouvernement. « Plus un seul euro ne sera versé à Caritas sans connaître le détail des responsabilités ! » Robinet coupé donc. Et pour ce qui est des avances versées, Luc Frieden en réclame même à son « prestataire de services » le remboursement immédiat aux caisses publiques.
Défaillances humaines et techniques
Et si Police et Justice se doivent de démêler le vrai du faux dans ce que Luc Frieden qualifie d’ «infraction extrêmement grave », lui entend prendre d’autres mesures. Comme la désignation d’un “contrôleur des finances” délégué par le gouvernement non pas pour fouiller toute la comptabilité de l’asbl, mais vérifier que chaque euro versé par l’État a bien correspondu à une mission donnée et effectuée.
En début de semaine, la direction de Caritas a rassemblé une partie de ses 500 employés pour tenter de les rassurer sur l’avenir. Marc Crochet, directeur général, indiquant que la structure pouvait« compter sur l’appui d’une société d’audit qui s’est portée volontaire pour vérifier les procédures financières, déceler et changer ce qui, au niveau technique et/ou humain, a pu être défaillant ».
Caritas négocie pour l’heure avec les banques l’avance d’argent pour poursuivre ses activités à court terme. Mais de cela, Luc Frieden ne veut pas entendre parler. Le Premier ministre laissant entendre que si Caritas venait à défaillir, c’est vers une ou d’autres associations que l’État n’hésiterait pas à se retourner.
Il faudra aussi que l’asbl conserve la confiance de ses donateurs. En 2023, dons et subventions représentaient encore 23,5 M€ dans son budget.
Caritas a déposé plainte le 16 juillet à la découverte du “trou” dans ses finances. Il semblerait que les sommes détournées aient pris la direction de comptes en Espagne.
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