Il y a quelques années, le film-documentaire An Zéro avait envisagé LA catastrophe : si la centrale nucléaire de Cattenom venait à subir un incident gravissime, comment le Luxembourg allait s’en sortir. Il est vrai que le Grand-Duché est directement sous la menace d’un risque nucléaire de part sa proximité avec le site EDF des bords de Moselle. Esch n’est qu’à 19 km, Luxembourg 22 km, Clervaux tout au nord du pays à “seulement” 72 km. Distance bien petite en cas de fuite radioactive…

Quatre décennies après la mise en service de la Centrale lorraine, le Luxembourg reste toujours critique à l’égard des quatre réacteurs voisins. Et si le pays s’est doté depuis longtemps d’un “Plan d’urgence en cas d’accident nucléaire” , ces mesures sont officieusement nommées “Plan Cattenom”.

Voilà onze ans, le gouvernement luxembourgeois s’est dit : mieux vaut une bonne préparation qu’un réveil brutal en cas de problème nucléaire. Et, en octobre 2014, une première campagne nationale de comprimés d’iode avait été organisée. À l’époque, 180.000 résidents avaient pu bénéficier de ces “cachets”. Une pilule qui, avalée, a pour effet de saturer la glande thyroïde en iode stable, et empêchant l’iode radioactif 131 d’être absorbé. De quoi alors réduire le risque de cancer de la thyroïde.

Mais depuis ? En fait, aucune autre vague de distribution de comprimés d’iodure de potassium n’a été menée. cela alors même que la population a considérablement grandi, notamment aux portes de la Centrale…

Des stocks en nombre et en qualité

Aujourd’hui, c’est à chacune de la centaine de communes du pays que la répartition de ces tablettes est confiée. Elles doivent en contrôler régulièrement le stock, a rappelé dernièrement la ministre de la Santé, Martine Deprez (CSV) à une question parlementaire de la députée Mandy Minella (DP). Et si une nouvelle commande doit être passée, il suffit de s’adresser au Division de la radioprotection.

Au 1er janvier 2024, 65 communes  avaient déclaré l’état de leurs réserves au Département de la radioprotection. Toutes disposaient encore de quoi alimenter, au moins, un quart de leurs habitants. Cependant, il n’y a « aucune obligation de collecter des données statistiques sur le stock de pilules d’iode dans les communes, a déclaré le ministre. Pour cette raison, aucun chiffre ne peut être donné. »

Cette dernière décennie, environ 239.000 plaquettes (de 10 pilules chacune) ont été recommandées par les communes. Un approvisionnement qui peut être redistribué en cas de péril imminent. Il fait d’ailleurs partie du programme de l’application Lu-Alert de prévenir en cas de menace de “nuage toxique” – radioactif notamment- en approche. Une alarme tombant sur les portable de qui se trouvera sur le territoire national alors.

Fort heureusement, les comprimés d’iode n’ont pas besoin d’être remplacés régulièrement. Pas même après 10 ans. Constitués en grande partie d’iodure de potassium, cet ingrédient ne se périme pas vite, au contraire d’un aliment par exemple. Le service de santé vérifie régulièrement l’efficacité des lots de pillules en circulation, et aucune diminution de l’efficacité n’a été observée. Mais au fait, elle est où votre boite de pastilles d’iode ?

Pour ou contre une centrale ?

Si le Luxembourg dispose de “suffisamment” de tablettes de comprimés d’iode, ce n’est pas pour autant que sa population est enthousiaste concernant le nucléaire. Ainsi, dans une étude européenne, il est indiqué qu’à peine 52 % des habitants du Grand-Duché pensent que le nucléaire aura un impact positif sur l’avenir. Il s’agit là de l’un des taux d’approbation les plus bas en Europe. En 🇫🇷 France, ce ratio est de 69 %.

Depuis peu, une pétition publique réclame la création d’une centrale nucléaire sur le sol même du Luxembourg. Le pétitionnaire estimant que ce serait là un moyen de disposer d’une énergie décarbonée et atteindre ainsi les objectifs environnementaux que le pays a validé, en 2016, dans l’Accord de Paris.