Vanessa, luxembourgeoise, 29 ans est éducatrice spécialisée dans un centre pour enfants au Luxembourg. Elle habite en Belgique. Elle a été convoquée au tribunal de police du Luxembourg, division d’Arlon, à la mi-janvier pour « non-respect de l’interdiction de se trouver inutilement sur la voie publique ou dans des lieux publics ». Elle vient d’écoper d’une amende de 2400 euros….avec en prime un casier judiciaire pour condamnation. Une situation qu’elle trouve particulièrement injuste et absurde. Comment en est-elle arrivée là ?

Un geste d’humanité…à la base

Le 23 mars 2020, Vanessa est testée positive à la Covid-19. Dans le même temps, la Belgique et le Luxembourg avaient décrété un confinement total avec interdiction de circuler. Mais voilà, sa meilleure amie enceinte, est transférée le même jour, au CHL du Luxembourg pour une visite gynécologique urgente : « Elle me téléphone dans la matinée et me demande d’aller la chercher à l’hôpital. Je n’ai pas réfléchi, je suis montée dans ma voiture. L’aider me semblait, à ce moment là, une évidence ».

La douanière : « garder vos microbes chez vous »

Vanessa passe la frontière belge pour se rendre au Luxembourg sans souci. Arrivée à l’hôpital du Luxembourg, les médecins lui précisent que finalement son amie ne pourra pas quitter la structure de santé maintenant. Sa sortie a été repoussée en fin de journée. Elle décide donc de rentrer chez elle en Belgique. A la frontière, cette fois, elle se fait arrêter par une policière belge visiblement très énervée : « On était au début de l’épidémie, tout le monde était à cran ». L’éducatrice spécialisée lui stipule d’emblée qu’elle est positive à la Covid-19 et suggère à la douanière de ne pas trop s’approcher d’elle. Vanessa n’avait pas son masque : « Je suis partie trop vite de chez moi. Je l’ai oublié » se souvient-elle. Une situation que la policière n’a visiblement pas appréciée puisqu’elle a accusé Vanessa de mettre la vie des soignants et des gens en danger lançant agacée « garder vos microbes chez vous dans ce cas ». Dans la foulée, elle « me colle une amende de 250 euros » se rappelle Vanessa, qui à ce moment , note qu’elle a été décontenancée par la vive agression de la douanière.

L’huissier devant sa porte début janvier

De retour chez elle, Vanessa décide de ne pas payer l’amende pensant avoir été dans la légalité : « J’ai laissé courir les rappels par courrier. J’étais décidée à ne pas me laisser faire » clarifie-t-elle. Mais le 6 janvier 2021, l’huissier frappe à sa porte pour lui transmettre une lettre en recommandé pour une convocation au tribunal d’Arlon. Le 22 janvier 2021 à 9 heures, Vanessa s’est donc rendue au paquet avec l’idée d’expliquer les véritables faits au juge. Mais elle a été surprise de découvrir que près d’une dizaine de personnes, comme elle, était devant la justice pour non-port du masque, déplacement abusif en pleine pandémie ou circulation non autorisée sur le territoire belge, etc.

Un tribunal engorgé par “des affaires insignifiantes

« Tout d’abord, je me suis dit que le tribunal n’avait que ça à faire que de juger des gens pour des faits mineurs voire insignifiants. D’ailleurs, le procureur semblait lui aussi plutôt agacé par cette situation . Malgré mes explications, j’ai été condamnée à payer 2400 euros ou des travaux d’intérêt général à faire dans l’année » réagit Vanessa. Elle a demandé un droit de suspension de sa condamnation dont la réponse devrait être donnée le 26 février 2021. Quelle leçon tire-t-elle de cette expérience malencontreuse ? De tempérament humaniste, Vanessa en garde un goût amer : « J’ai rendu un service à une amie dans le désespoir et je me suis retrouvée devant un tribunal. Nous vivons dans un monde d’égoïste ou l’écoute n’existe plus. Tant pis pour l’amende, je suis contente d’être restée malgré tout moi-même ».

Lettre de convocation

 

Si vous souhaitez partager votre expérience, contactez nous par mail [email protected] ou remplissez ce formulaire.

Lire Amélie, esthéticienne au Luxembourg, a doublé son salaire et multiplié ses pourboires par 50 !

Lire : Attestation obligatoire pour les frontaliers belges pour travailler au Luxembourg