Des transferts de prisonniers sous bonne garde
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 17/06/2024 à 17:06
Il y a quelques mois, en toute discrétion, de vastes mouvements de détenus ont eu lieu au Luxembourg. L’opération consistait à faire quitter leurs cellules de Schrassig pour se rendre à la nouvelle prison de Sanem (Uerschterhaff) à tous les hommes en attente de jugement. Au final, aucune évasion, les autorités pénitentiaires pouvaient souffler.
Car, comme le vient de le rappeler l’évasion de Mohamed Arma, mi-mai, chaque transfert de détenu reste une action à hauts risques. Dans le cas cité, deux agents y ont laissé la vie et 5 autres policiers ont été blessés dans l’attaque du véhicule qui convoyait ce dangereux prisonnier. Au Luxembourg, les évasions restent rarissimes mais les autorités savent que tout peut arriver… et s’y préparent.
Ainsi, dans une réponse parlementaire, le ministre des Affaires intérieures vient de rappeler quelques principes à respecter par l’Unité de garde et d’appui opérationnel de la Police grand-ducale (seule autorité à véhiculer des prisonniers). Une UGAO qui ne voyage qu’en fourgon cellulaire et avec des individus menottés à son bord.
Et Léon Gloden de mentionner aussi que le nombre de policiers sur ce type d’opération dépassait systématiquement le nombre de détenus pris en charge. Mais à chaque profil d’individu, son dispositif. Les prisonniers “à risque” faisant l’objet de mesures supplémentaires chaque fois qu’il y a obligation de les déplacer (vers le tribunal, le juge d’instruction, un service de santé, etc). Le recours à des maîtres-chiens, voire au survol du convoi par hélicoptère étant alors envisagés.
Attaque, fuite et exercices
La formation au transfert de détenus fait l’objet d’un module dès la formation des futures recrues de la Police luxembourgeoise. Un « volet théorique » qui sera complété durant la carrière de l’agent par la formation continue, et notamment les séances de maniement de bâton de défense, de tirs, de self-défense et de menottage.
Pour les personnels de l’UGAO, il va de soi que des heures supplémentaires de perfectionnement doivent être suivies. Cela passe par une meilleure connaissance des lieux de prise en charge (prisons, parquet, hôpitaux…) mais aussi par l’approfondissement des « spécificités du transport de détenus ». Sans oublier des exercices fictifs de mise en situation pour palier à toute attaque ou tentative de fuite.
Si jamais un ou plusieurs détenus venaient en prendre la clé des champs, le protocole de la Police luxembourgeoise implique le déclenchement d’un Plan d’alerte. Une mesure qui peut également être initiée « à la suite d’un fait criminel grave », précise le ministre. L’idée étant alors de disposer rapidement et en plusieurs points du pays de « dispositifs mobiles et statiques » afin de rapidement localiser et appréhender les personnes recherchées.
Il peut d’ailleurs alors être fait appel aux patrouilles des états voisins, pour éviter tout passage de la frontière des fugitifs.
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