On ne va pas se mentir : extérieurement, Tenacious ressemble plus un assemblage enfantin qu’à un robot high-tech. Pourtant, l’engin de 26 sur 55 cm est un concentré de technologie qui aura mis près de six à être conçu par des ingénieurs de 25 nationalités différentes. Le tout assemblé et éprouvé pendant des jours, des semaines, des mois, des années dans un hall à l’arrière des bâtiments Paul Wurth à Luxembourg-ville.

Et voilà maintenant ces 5 kg prêt à partir pour la Lune. « C’est historique ! », n’a pas hésité à qualifier ce moment le ministre de l’Économie Lex Delles. Le Grand-Duché va marcher sur la Lune pour la 1ère fois… enfin, y rouler. Car le robot a bien été conçu pour cela : sillonner la surface de l’unique satellite permanent de notre planète et en rapporter images et échantillon.

En embarquant sur un prochain vol d’une fusée Falcon 9 de Space X, le rover est ainsi destiné à poser les roues sur les lunes, déployer ses panneaux solaires (son unique source d’énergie) et partir dix jours durant à la découverte de “l’astre blanc”. Pour un client suédois, sa caméra HD devra saisir le plus de clichés haute-résolution de la surface du sol. Pour le centre de contrôle du robot, établi au Luxembourg, il s’agira de transmettre des données sur l’environnement ambiant.

Universel ou propriété privée

Mais sans doute que là où le rover est le plus attendu reste la collecte de régolithe, cette partie du sol compris entre la surface et la roche-mère de la lune. Avec sa “cuillère”, Tenacious devra collecter quelques grammes de matière minérale. De la poussière et des cailloux que la NASA a prévu d’acheter. Prix : 5.000 dollars !

Et là, les choses se compliquent. Techniquement, le geste n’avait déjà rien de simple pour les astronautes des missions Appolo, alors un bras mécanique… Mais les ingénieurs de la filiale européenne du groupe nippon Ispace qui ont conçu l’appareil sont confiants sur ses capacités. Par contre, l’également, le prélèvement et sa monétisation peuvent soulever des protestations.

En effet, à qui appartient ce qui peut être pris à l’espace ? Est-ce un bien universel de l’Humanité ou une ressource exploitable et commercialisable comme une autre sur notre planète ? Pour les trois pays partenaires de la mission, Luxembourg, Japon et USA, la question est réglée : leur loi précise que ces matières sont « susceptibles d’appropriation ». Mais pour d’autres Nations, le choix n’est pas aussi évident.

Ainsi, au-delà de l’exploit technologique, Tenacious devrait faire parler de lui. Et le Grand-Duché et sa Luxembourg Space Agency par la même occasion. Mais les intentions en la matière du pays sont connues depuis quelques années déjà. C’est en effet dès 2016 que le ministre de l’Économie d’alors, Étienne Schneider, avait fait le choix d’orienter la filière nationale notamment vers l’exploitation minière des astéroïdes.


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