Pas tous les jours qu’un député français proche de Macron (le messin Ludovic Mendes) et un autre soutenant Jean-Luc Mélenchon (Antoine Léaument) tombent d’accord. Pourtant en travaillant ensemble au sujet du combat contre le trafic de drogues, les deux parlementaires sont arrivés au même constat : ça ne fonctionne pas, et particulièrement sur la circulation du cannabis dans l’Hexagone.

« Aujourd’hui, 1 Français sur 2 a déjà expérimenté le cannabis. 10% de la population assure en consommer régulièrement. On ne peut pas dire que ce soit une réussite après des décennies de répression… », constate l’élu mosellan. Dix-sept mois de travail, une centaines de rencontres, des déplacements dans 16 départements et à l’étranger l’ont ainsi conforté dans ce bilan : « Un usager reste considéré uniquement sous l’angle du délinquant. Et douaniers, juges, policiers, gendarmes ont l’impression de vider la mer à la petite cuillère. »

Aussi, selon le parlementaire lorrain et le co-rapporteur de ce dossier, il est temps de changer le système. « La Suisse va lancer le débat sur la dépénalisation. Le Luxembourg y est déjà passé, l’Allemagne ou les Pays-Bas aussi. Il est est temps d’avoir un débat serein autour de cette question.»

Dépénalisation encadrée

Une des mesures-phares des propositions avancées serait l’ouverture d’une Agence nationale chargée d’encadrer tout le processus, de la production à la commercialisation. « Il est temps que l’État reprenne la main, assèche le marché illégal, veille à limiter par exemple la fourniture de grammage/mois, la densité de THC dans les produits délivrés ».

Mais au-delà d’un service public qui joue au jardinier et au dealer, Ludovic Mendes veut surtout que l’État accompagne en termes de santé publique et de lutte contre les addictions les usagers. « Il faut entrer dans une logique de protection du consommateur et pas rester dans celle des arrestations le plus souvent sans punition », estime le député.

Ainsi, pas question de vente de cannabis aux mineurs. Il faudrait même voir si l’offre proposée aux 21-25 ans ne devrait pas être restreint en quantité. « On sait que le cannabis peut avoir des effets négatifs sur le développement du cerveau jusqu’à un certain âge », ne veulent pas masquer les deux élus.

Reste que leur rapport tombe “au mauvais moment“. En effet, sur la question des stupéfiants, les “nouveaux” ministres de la Justice (Gérard Darmanin) et de l’Intérieur (Bruno Retailleau) ont des positions plus répressives qu’ouvertes à une dépénalisation encadrée. Tolérance zéro claironnée, quand les députés Mendes et Léaument veulent sortir de ces discours sécuritaires.

En chiffres

Selon le rapport des députés Léaument et Mendes, la France investit chaque année près d’1 milliard d’euros contre le trafic de drogues. Dans le même temps, ce marché rapporte entre 3 et 4 milliards d’euros aux réseaux. Qui est le grand gagnant ?

Le rapport en tous cas pousse aussi l’Hexagone à faire plus pour la lutte contre le blanchiment d’argent lié aux trafics et accroitre aussi les effectifs judiciaires et les moyens dédiés à la lutte contre le trafic de stupéfiants.

 


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