Dans la torpeur de l’été, rares sont les pétitions publiques qui faisaient des vagues au Luxembourg. La pétition n°3198 est venue bousculer la “règle”. Les soutiens au texte demandant à voir les sujets LGBTQ rester à la porte des établissements scolaires du pays a vite susciter un tsunami de soutiens. En mois de trois jours, le seuil des 3.500 soutiens était atteint et, en une semaine et ½, plus de 8.500 signataires ont soutenu cette proposition.

Mais tout aussi rapidement la pétition a suscité une… contre-pétition. Trois textes même ont été déposés à la Commission de la Chambre des députés, un seul a été admis pour lui aussi être proposé à la signature du grand-public… Et si les deux autres formulations ont été repoussées, c’est uniquement pour « erreur de forme », assure la présidente de la commission, la socialiste Francine Closener.

Même la parlementaire LSAP reconnait avoir été « choquée par la rapidité avec laquelle c’est arrivé ! ». “C’est” représentant le succès de la pétition initiale, l’émotion soulevée dans le pays et le dépôt d’un second texte opposé au précédent.

Si là encore, les soutiens se manifestent en nombre, le débat public sur la question soulevée promet d’être animé. Mais, pas question d’attendre celui-ci avant la reprise des cours toutefois. Le calendrier parlementaire pourrait plutôt permettre aux pétitionnaires de discuter de leur vision auprès des députés et ministres en novembre.

Et comme décidément cette polémique bouscules habitudes, il va falloir réfléchir à la tenue d’un ou deux débats publics. Car pro ou anti, c’est bien autour d’une même idée (l’information des scolaires sur les questions de sexualité et de genre) dont il faudra discuter…

Le fait qu'une pétition dépasse aussi rapidement la barre des 4.500 accords ne constitute pas une nouveauté. Un précédent texte appelant à la reconnaissance de la Palestine comme État avait ainsi atteint le "quorum"de façon encore lus accélérée que la pétition n°3198, indique Francine Closener.

Le fait qu'apparaisse une contre-pétition n’est pas non plus un épisode inédit dans l'histoire des pétitions publiques. La vice-présidente et longtemps présidente de la Commission des pétitions, Nancy Arendt (CSV), se souvient, par exemple, de la discussion sur interdiction de fumer sur les terrasses. Un texte réclamait la fin des cigarettes aux abords des bars, un autre leur maintien...  Le gouvernement d'alors avait décidé de ne pas promulguer d'interdiction aux fumeurs.

Ainsi une pétition populaire ne fait qu’imposer un débat à la Chambre, pas nécessairement un changement de loi. Cela n'empêche toutefois pas ce système de "démocratie directe" d'être particulièrement populaire. C'est d'ailleurs un excellent baromètre des préoccupations de la société. Il faut donc croire qu'aujourd'hui, aborder les questions de sexualité et de genre abordées auprès d'un public jeune en discussion libre suscite encore des réticences.

Le prochain débat public, suite à pétition, est programmé le 10 octobre. Les échanges porteront sur le refus de voir fermer la route entre Rédange et Belvaux, un thème qui avait recueilli 3.111 soutiens.

 

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