Droit dans leurs bottes : ni Lydie Polfer la bourgmestre de Luxembourg-ville, ni Léon Gloden le nouveau ministre en charge des questions de sécurité n’en démordent : les mendiants n’ont plus droit de cité dans la capitale. Qu’importe le froid de l’hiver, qu’importe que ce gouvernement ait fait de la lutte contre la pauvreté sa priorité n°1, les indigents tendant la main aux passant sont bien personæ non gratæ en Ville !

À compter de cette mi-janvier, la Police est en droit de les faire déguerpir de leur coin de trottoir. Et cela en conformité avec le Règlement général de police adopté par les élus de la capitale et approuvé par le ministère. De 7h à 22h et du lundi au dimanche (inclus), plus un mendiant ne doit être aperçu sous peine d’amende ou d’arrestation.

Pour justifier d’avoir donné son feu vert à plus de sévérité à l’égard des clochards, le ministre CSV s’appuie sur les témoignages dont ses services ont pu avoir écho. « Agressivité, menaces, injures, insultes, ivresse publique, atteintes à la moralité publique et autres, souvent accompagnés de bruits excessifs tant de jour que de nuit », voilà ce que relatent les plaignants et qui n’a plus lieu d’être.

Dispositions appropriées vs Droits de l’Homme

Interpellé à la Chambre des députés, Léon Gloden a aussi fait part de mendiants débarqués au petit matin dans les rues par des exploiteurs de misère. Cela même si aucun réseau n’a pu être mis à jour, c’est d’abord les “mendiants agressifs et en bande organisée” qui seraient dans le viseur.

Il est aussi question dans ses affirmations de « troubles à la salubrité, à la tranquillité et à la sécurité publiques » qui imposeraient donc cette nouvelle sévérité.

Mais là où la majorité des élus de la capitale et le gouvernement voient des « dispositions appropriées », d’autres voix trouvent à redire. Et cette opposition passe désormais par le biais d’une pétition publique qui n’a pas tardé à trouvé écho. Ouvert à signatures depuis vendredi, le texte a déjà trouvé plus de 2.000 soutiens...

Pour l’auteur de cette requête, Marc Faramelli, il semble normal qu’un individu en difficulté « devrait pouvoir être “passif” et pouvoir s’asseoir avec un gobelet et espérer des dons » des passants « sans bien sûr gêner le passage ». Et d’en appeler au respect des Droits de l’Homme à disposer de son destin particulièrement en cas de « coup du destin ».

« Cela ressemble à un État répressif »

Vu le “succès” de la pétition, il ne fait guère de doute qu’elle devra faire l’objet d’un prochain débat public avec députés et ministre interpellé sur le sujet. En attendant, la Police luxembourgeoise, en civil ou en tenue, comme les agents municipaux peuvent adresser des contraventions voire embarquer hommes ou femmes sollicitant quelques euros. Les agents municipaux de la capitale pouvant leur prêter assistance.

Lundi matin, l’Archevêque de Luxembourg n’a pas hésité à se positionner. Mgr Hollerich archevêque s’est dit heurter par la mesure défendue par le nouveau gouvernement,  « Cela ressemble presque à un État répressif », a mentionné le prélat au micro de Radio 100,7.

Au 🇱🇺Grand-Duché, des mesures interdisant de quémander sur la voie publique sont aussi en vigueur à Ettelbruck, Diekirch et Dudelange.

En mai dernier, en Belgique, l’interdiction de faire la manche en vigueur dans 🇧🇪253 communes du Royaume avait été remise en cause par les très sérieux Service de lutte contre la pauvreté, la précarité et l’exclusion sociale et l’Institut fédéral des droits humains.

Leur avis s’étaient notamment appuyé sur un arrêt rendu en janvier 2021 par la Cour européenne des Droits de l’homme. Celui-ci reconnaissait la mendicité comme un droit protégé.

 

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