Le Grand-Duché est-il sourd ? Le Comité pour la prévention de la torture (CPT) du Conseil de l’Europe va finir par le croire. Voilà en effet 30 ans que cet organisme dénonce la présence d’enfants privés de liberté au milieu des condamnées adultes de la prison de Schrassig. Et la dernière visite d’inspection du CPT a démontré que les recommandations émises depuis 1993 restaient toujours lettre morte. Hélas.

Ainsi, au printemps dernier, une énième délégation du Comité a-t-elle fait le tour de trois établissements du Grand-Duché. Trois sites accueillant des jeunes placés là par décision de justice. Et les visiteurs reconnaissent n’avoir ni à se plaindre de la coopération des autorités (excellente) ni de l’accueil reçu de la part des professionnels des établissements. Mais c’est bien les conditions d’accueil de ces moins de 18 ans que l’organisme doit à nouveau dénoncer.

Et en premier du “mélange des générations” encore pratiqués au sein du Centre pénitentiaire de Luxembourg, à Schrassig. Le site accueillant encore condamnés majeurs et mineurs. Certes, des témoignages recueillis, « aucun signalement de mauvais traitement » n’est remonté aux oreilles des visiteurs mais la situation reste intolérable aux yeux de la législation européenne.

Même lieu, autre reproche : l’offre de soins accessibles aux détenus dans la prison de 957 places n’est pas adaptée à la jeunesse qui y est incarcérée. Là encore du changement est attendu.

Cruauté et soulagement

Mais le Comité pour la prévention de la torture ne s’est pas arrêté là. Il aussi inspecté les conditions de privation de liberté des mineurs à l’Unité de sécurité (Unisec) à Dreiborn, l’Unité fermée de psychiatrie pour adolescents d’Ettelbruck (OR3). Et là encore, les reproches sont tombés dans le rapport rédigé à destination du ministère de la Justice piloté par Sam Tanson.

A l’Unisec, il est signalé des « conditions inacceptables » et un « manque d’activités » cruel pour des jeunes retenus là après une condamnation. La délégation européenne pointe aussi la nécessité d’une « présence infirmière quotidienne et continue », ce qui n’est pas le cas. Tout comme il est demandé de doubler la présence d’un pédopsychiatre pour prendre soin de la santé mentale des ados accueillis. A ajouter, à un programme de prévention des toxicomanies qui fait toujours défaut…

L’OR3 du Centre hospitalier neuro-psychiatrique sauverait l’honneur du système pénitentiaire luxembourgeois à en lire les indications du Comité. Ainsi, les visiteurs attribuent un “Trés bon” pour parler des conditions de vie et du régime offerts aux 12-17 ans placés ici par un Juge de la jeunesse.

Une police trop brutale ?

Le rapport du Comité pour la prévention de la torture évoque aussi plusieurs remontées de violences policières. Un usage abusif des coups de matraque, des coups de poing ou de frappes dans le dos sans que la situation ne l’impose ont ainsi été dénoncés. A l’heure où une affaire du même style concerne le commissariat de la Gare centrale de Luxembourg, voilà qui fait “mauvais genre”.

Sans parler d’insultes prononcées par des porteurs de l’uniforme de la Police grand-ducale. Autant de mauvais point qui ont poussé le CPT a invité le ministère de la Sécurité intérieure, Henri Kox, à faire plus pour empêcher de telles violences ou mauvais traitements. C’est dit !

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