Au Kirchberg, le Luxembourg paie cher pour l’Europe (qui le remboursera)
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 11/11/2024 à 06:11
Voir le coût des chantiers bondir entre le devis initial et la facture finale, c’est presque un “sport national” au Luxembourg. En témoigne, par exemple, la nouvelle addition présentée pour le pont devant relier Cents au Kirchberg. Aussi, apprendre qu’il faut prévoir une rallonge pour la construction d’un édifice aussi impressionnant que le futur Jean-Monnet 2, au Kirchberg, pourrait presque relever de l’anecdote. Sauf que là, les prix commence à donner le vertige. En l’état actuel, le montant des 36.600 m² de bureaux tournerait autour des 992,5 millions d’euros.
Aussi, l’État luxembourgeois est-il invité à débourser 351 M€ de plus qu’aux dernières prévisions… Voilà qui commence à peser lourd dans les finances publiques du pays, même si vient de rappeler la ministre des Travaux publics, ce chantier serait intégralement remboursé par l’Europe aux caisses du Grand-Duché (à la livraison du bâtiment). Ouf.
À deux pas du Boulevard Adenauer, ce nouveau complexe administratif devra permettre de réunir sous un même toit différents services de la Commission européenne, dont les presque 5.700 effectifs sont actuellement disséminés entre Cloche d’or et d’autres sites au Kirchberg.
Multiplié par 2 en 12 ans
La construction en plus d’accueillir les espaces de travail de ces fonctionnaires comprendra un parking souterrain (1.200 places), une cantine d’entreprise pouvant servir plus de 2.000 repas/jour, une cafétéria de 300 places, un restaurant, un auditorium, etc.
A priori, la 1ère phase du chantier (soit l’accueil de 1.900 postes) devrait être achevée pour « 2026, début 2027 », selon la ministre Yuriko Backes. Il restera alors à finaliser la seconde partie des travaux (un millier de postes).
Pour justifier le “dérapage budgétaire” du projet, différentes causes sont évoquées : le renforcement du niveau de la sécurisation des accès (par rapport au projet de départ), la réorganisation des espaces de travail (plus d’open space et de bureaux adaptés à un turn-over des utilisateurs à cause du télétravail) sans oublier les inévitables effets de l’inflation de ces dernières années, la hausse du coût des matériaux de construction ou encore les retards de chantier dus à la pandémie Covid.
Ajoutez des changements de normes sur l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite et autres impératifs dont nul ne pouvait se douter lors du concours d’architectes (2010) et voilà de quoi motiver le bonus de 351 M€ nécessaires pour payer les entreprises en charge de ce chantier.
Sachant qu’entre le coût annoncé et le budget envisagé désormais, c’est un x2 qui aura été enregistré. Voilà douze ans, il était encore question d’une facture approchant les 553 millions, et non quasi un milliard..
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