Après Islamabad, Luxembourg pour le nouvel ambassadeur de Belgique
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 10/10/2024 à 06:10
La première fois qu’il a mis les pieds au Luxembourg, c’était en… 1976🇱🇺. « Avec mes parents du côté du barrage du lac de Haute-Sûre ! », se souvient qui, depuis trois semaines, officie comme Ambassadeur de Belgique au Grand-Duché. À 59 ans désormais, le Wallon ne compte plus les autres occasions qui lui ont permis de visiter le pays par ici, participer une fête familiale par là. « Mais “professionnellement”, sourit Charles Delogne, mon 1er séjour en tant qu’apprenti diplomate a eu lieu en 1995. Je me souviens avoir découvert les installations d’Astra (futur SES) à l’époque ».
Mais c’est peu dire qu’entre cette date et son entrée en fonction officielle mi-septembre, l’homme aura fait du chemin. Au travers de différentes affectations, sa carrière zigzague sur la mappemonde avec comme “escales” 🇮🇹Rome, 🇺🇦Kiev, 🇷🇸Belgrade, 🇨🇩Kinshasa, 🇦🇴Luanda, 🇧🇷Sao Paulo et ces deux dernières années en tant qu’Ambassadeur belge au Pakistan. « À 🇵🇰Islamabad, je veillais sur une communauté de 530 Belges, c’est sûr qu’ici, le poste prend une autre dimension… »
Le voilà maintenant veillant sur le quotidien de plus de 26.000 résidents belges au Luxembourg et les quelque 51.700 navetteurs qui passent la frontière pour travailler au Grand-Duché. « Et sur une ambassade qui, avec sa dizaine d’employés, doit gérer les dossiers de nationalité, d’état civil, de documents d’identité des uns, et veillé surtout aux bonnes relations avec les acteurs du pays hôte surtout. » En trois semaines, déjà une cinquantaine de “rencontres de courtoisie” lui ont permis de prendre le pouls de l’état de ces liens.
« Pas de Gaichel avant début 2025 »
Au niveau des échanges économiques, des projets industriels : tout roule, assure le remplaçant de Thomas Lambert. « Belgique et Luxembourg sont deux petits pays qui savent tirer leur épingle du jeu en s’unissant. Ce qui a été engagé par le passé fonctionne bien, pas de raison que cela change. » Et de saluer ces ententes qui de 1921 (avec l’UEBL) à 1985 avec les Accords de Schengen, en passant par 1944 et la fondation du BENELUX avec les Pays-Bas a toujours permis aux deux pays de faciliter leurs échanges.
« Résultat, aujourd’hui, la Belgique reste le 1er partenaire commercial des entreprises luxembourgeoises. Et le Grand-Duché fait partie des 10 meilleurs clients du Royaume au niveau de ses exportations ! », note l’Ambassadeur avec l’intention de développer ce “marché de proximité”.
Au passage, que les partenaires luxembourgeois se rassure : même si la Belgique tarde à se trouver une coalition pour diriger le pays (depuis juillet), les affaires courantes restent bien gérées. « Depuis Bruxelles ou mon bureau, on traite ce qui doit l’être ! » Comme par exemple l’avancée des préparatifs liés à la création d’un bataillon militaire binational. « Les ministres de la Défense l’ont décidé maintenant nos Armées respectives y travaillent. Mais quand vous avez ainsi des soldats qui, demain seront envoyés sur les mêmes fronts, mais ne disposent pas des mêmes statuts, uniformes, méthodes, armements, cela demande un peu de temps avant que la cohésion soit opérationnelle ».
En tous cas, voilà bien un dossier qui sera sur la table du traditionnel rendez-vous de l’ensemble des ministres belgo-luxembourgeois, la Gaichel. La rencontre devait se faire fin 2024, les affres de la politique belge imposent de repousser la date. « Pas de Gaichel avant début 2025, indique Charles Delogne. Mais j’ai bon espoir que le pays ait un gouvernement fixe avant la fin de l’année. »
La mobilité sera un des dossiers qui, il le sait, il faudra aussi surveiller. Côté autoroute et routes d’accès en Province de Luxembourg et Grand-Duché, il faut sans doute réfléchir à plus de parking de covoiturage. Côté rails, la liste des chantiers à mener est déjà plus longue. « Sur certains projets, comme l’extension d’une ligne vers Libramont, la SNCB dispose d’une étude commerciale sur le potentiel de clientèle mais l’enquête tarde effectivement à se traduire en investissements… »
Il faut également veiller à promouvoir le rail passagers entre Liège et Luxembourg ou le transport de fret côté Athus-Rodange. « Mais le plus gros point noir reste cet axe entre nos deux capitales (europénnes) Bruxelles-Luxembourg. Ça semble toujours avancer trop lentement, même si avec les 50 M€ débloqués par l'Europe cet été, la finalisation de cette ligne a gagné deux ans. On vise 2027 ! », reconnaît le diplomate. Toutefois, la complexité du chantier, le fait que certains bourgmestres plaident encore pour voir le train s'arrêter dans leur gare (et la suivante, et la suivante), qie ligne que l'on veut expresse soit aussi empruntée par des omnibus compliquent l'avancée de cette réalisation. »
« Vous voyez donc, ma mission ne sera pas de tout repos. Et je ne vous parle pas des préparations des sommets européens qui devront aussi me mobiliser avec mes équipes », s'enthousiasme celui dont une partie de la jeunesse s'est déroulée du côté de Louvain-la-Neuve. Pas loin, aux portes du Luxembourg déjà...
« À titre personnel, ce pays a déjà formé certains de mes meilleurs souvenirs. À Echternach, Vianden, Clervaux, en croisière sur la Moselle, je ne demande qu'à mieux le connaître ! » A priori, il a quatre ans pour ça.
Le p'tit secret...
Allez, il l'avoue : un jour Charles Delogne n'a pas pu résister d'aller au Luxembourg. C'était durant la période Covid. « Chez nous, en Belgique, à cette époque en 2021, les restaurants étaient encore fermés à la clientèle alors qu'ici les tables avaient rouvert. Et j'ai eu une irrépressible envie d'aller au restaurant... Alors, je suis venu au Grand-Duché, déguster de bons plats dans un joli cadre. C'était légal, je vous rassure ». La visite pour décompresser di confinement s'est même traduite par un passage dans les salles du Musée d'art moderne (Mudam) au Kirchberg. « Et me revoilà ! »
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