Pour les prochains mois, la réforme du système de retraite va animer les débats au Luxembourg. Et animer est un euphémisme… Pour l’heure, le gouvernement discute, écoute et se garde bien de dévoiler de quelconques préférences sur les mesures à prendre pour maintenir l’équilibre financier du régime des pensions vieillesse à l’avenir : allongement de la durée de cotisation, recul de l’âge légal, montant des pensions revu à la baisse, nouveau mode de financement pour les salariés du privé ou les fonctionnaires…

À la liste des changements envisageables, les politiciens vont immanquablement se pencher aussi sur les 2e et 3e pilier du régime actuel. À savoir les régimes complémentaires que certaines entreprises ont mis en place au Grand-Duché, et les régimes de prévoyance individuels auxquels certains salariés cotisent d’eux-mêmes (de l’ordre de 74.000 ménages). Dans les deux cas avec un intérêt fiscal, soit dit en passant.

Comment cela, votre employeur ne vous a rien proposé de tel ? Rien d’incongru à cela : déjà car il ne s’agit pas d’une obligation. Votre société cotise pour votre retraite (8% du salaire brut dans le privé), voilà son unique impératif. Mettre en place une complémentaire constitue donc une option, négociable.

57 entreprises en 2024

Mais si, en moyenne depuis 2014, environ 140 entreprises décident chaque année d’adopter ce dispositif au profit de leur effectif, force est de constater que le nombre total de sociétés faisant ce choix tend à stagner. La ministre de la Sécurité sociale, Martine Deprez, vient de le reconnaître. Parfois en raison de la “disparition” de la société (liquidation, faillite, fusion), tantôt pour raisons financières.

Il se peut aussi que vous ne fassiez pas partie d’un secteur enclin à développer ce type de mesure. En effet, d’une activité à l’autre, la part d’employeurs acceptant de cotiser à une complémentaire varie considérablement. Ainsi, au Luxembourg, les salariés du secteur Finances & Assurance sont les mieux lotis en la matière. Près d’un millier de banques ou sociétés du secteur (29%) participent ainsi à cette mesure, soit 30.000 actifs concernés.

Au second rang, et loin derrière, on trouve les firmes actives en Information & communication et dans l’industrie. Environ 12% d’entre elles ont ce “coup de pouce” dans le package proposé aux employé-e-s. Sachant qu’à l’autre bout de l’échelle, aucun employeur du secteur agricole-viticole du Luxembourg n’a adhéré à ce genre de mesure…

Pour Martine Deprez pas question de commenter ces chiffres, évoqués dans une réponse parlementaire. Celle qui a en charge de présenter un projet de réforme se contente-t-elle seulement de reconnaître que, oui, « des réflexions sur l'agencement des 2e et 3e piliers de la protection vieillesse sont prévues ». On ne saura donc pas encore de quel côté penche le cœur du Gouvernement…

Mais si la nouvelle majorité CSV-DP veut bouger quelques lignes, sans fâcher syndicats et salariés, sans doute faudra-t-il rendre plus incitatives encore ces formules permettant d'augmenter au final la rente ou le capital versé aux pensionnés sans puiser dans les caisses publiques.

En attendant, rien n'empêche patrons et personnels de débattre de la mise en place d'une retraite complémentaire d'ores et déjà. Pour info : 57 entreprises l'ont fait pour la première fois en 2024, contre 179 en 2014…

 

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