Depuis le début de l’année, au Luxembourg, les représentants du secteur de la construction ne cessent de lancer des fusées détresse, des messages d’alerte, des SOS. La crise qui frappe le secteur immobilier pourrait en effet bien être l’iceberg coulant quelques-unes des 4.000 entreprises de la branche. Mettant du coup en péril une partie de la main d’œuvre employée.

Pour l’heure, Patrick Koehnen (secrétaire général adjoint de la Fédération des artisans) ne parle pas encore de désastre. Juste de « perspectives peu favorables ». Mais les faits sont là : les carnets de commande sont au plus bas et, déjà, nombre d’intérimaires ont fait les frais de la réduction d’activité.

D’ailleurs pour la Chambre des métiers, son vice-président Patrick Koehnen estime lui que « 4.600 emplois sont menacés ». Soit près de 8% de l’emploi total de la branche… Pas forcément la meilleure des nouvelles alors que les chantiers vont être mis à l’arrêt dès le 21 juillet prochain pour trois semaines de congé collectif.

Communes et administrations dans le rôle de sauveur

Qu’en sera-t-il à la reprise attendue pour le 21 août ? Le gouvernement luxembourgeois a déjà lancé 13 mesures en guise de premières bouées de sauvetage. C’est « louable», estime le secteur, mais peut mieux faire (« très largement insuffisant pour compenser les investissements privés défaillants »). Et surtout doit faire au plus vite.

Et s’il fallait motiver la task Force spécialement mise en place où l’État à (ré)agir encore, Fédération des artisans et Chambre des métiers ont des arguments chiffrés à avancer. A commencer par le coût pour les finances publiques si la construction luxembourgeoise venait à sombrer. « La non-réalisation significative de logements pourrait se traduire par des pertes et un manque à gagner de 300 millions d’euros » pour les caisses du ministère des Finances.

Une somme comprenant aussi bien la perte de Droit d’enregistrement (faute de vente de nouveaux logements, bureaux ou bâtiments), la réduction des rentrées de TVA et le coût de l’indemnisation du chômage à celles et ceux qui pourraient perdre leur job. Sans même compter les effets négatifs sur la consommation dans le pays ou la perte d’attractivité du Luxembourg.

Aux yeux des professionnels du secteur, communes et administrations doivent donc se jeter à l’eau pour aider le secteur de la construction en péril. En mettant en œuvre plus tôt qu’envisagé certains projets d’infrastructures ou de logements. « Vu le nombre d’entreprises à la recherche de marchés, cela devrait activer la concurrence et faire baisser les prix ». Donc bénéfique pour les soumissionnaires publics, motivent Chambre et Fédération.

Le secteur attend aussi du gouvernement qu’il mette en place rapidement l’abolition des frais d’enregistrement sur la quote-part de construction réalisée (histoire d’encourager les investisseurs à s’engager avec cet avantage sur des projets en voie d’achèvement). Tout comme Xavier Bettel est interpellé pour rétablir une TVA super-réduite sur la création de logements locatifs. Là encore, cela pourrait débloquer certains contrats auprès d’acheteurs encore hésitants.

Voilà les messages passés, l’urgence rappelé. Les prochains jours seront donc déterminants pour le devenir d’un secteur qui pesait jusqu’alors 6 % du Produit intérieur brut luxembourgeois.

 

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