3 mesures pour regagner du pouvoir d’achat
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 27/07/2023 à 09:07
Il y a peu, la Chambre des salariés sortait la calculatrice. Selon elle, entre 2021 et 2022, les salariés du Luxembourg avaient perdu 1,3% de pouvoir d’achat. Et pas de raison que la situation se soit améliorée depuis le début de cette année… En effet, malgré les trois index déjà concédés aux employés, fonctionnaires et retraités, l’inflation (même plus faible) aurait continuer à grignoter les capacités financières des ménages.
A son tour, l’Union luxembourgeoise des consommateurs se penche sur cette problématique. Car l’ULC reste perplexe face aux annonces du gouvernement Bettel qui « ne cesse de revendiquer le maintien ou le renforcement du pouvoir d’achat ». Selon l’Asbl présidé par Nico Hoffmann, les coups de pouce actés notamment lors de la dernière tripartite restent insuffisants. D’où la publication récente de trois recommandations à l’intention des dirigeants du Grand-Duché.
1/ TVA réduite : oui, mais
Pour cette année, le gouvernement a consenti à réduire globalement de 1% les taux de TVA appliqués aux divers achats que peuvent faire les familles. La mesure prendra fin au passage en 2024 et, au final, l’Union luxembourgeoise des consommateurs doute de la forte efficacité de cette mesure. Elle note, par exemple, que cette diminution ne s’applique pas sur les produits alimentaires. Hic, ce sont eux dont les prix ont le plus gonflé ces derniers mois (+11 % en un an)…
Dernièrement, le Statec avait lui aussi porté un regard sceptique sur les effets de cette mesure. Bonne idée a priori sur le papier mais qui, dans les faits, n’aurait pas entraîné de baisse généralisée des prix. Certaines professions préférant s’assurer des recettes à l’heure d’une année à 3 (et même 4 index) et pour faire face, elles aussi, à la progression des coûts de leurs matières premières ou du salaire minimum.
Les 317 millions d’euros de TVA “perdus” dans les caisses de l’Etat luxembourgeois cette année n’auraient ainsi « freiné l’inflation que de manière minime, tandis que les consommateurs n’en ont pratiquement rien ressenti ». A revoir donc.
2/ Réclamer des baisses de prix
Pas tous les jours que la France se trouve prise en exemple au Grand-Duché, pourtant l’Union des consommateurs applaudit une mesure prise par l’Hexagone pour contrecarrer la perte de pouvoir d’achat. En effet, le ministre de l’Economie français a tapé du poing face aux entreprises (du secteur de la grande distribution et de l’agro-alimentaire) qui ne répercutaient pas autant qu’il faudrait la chute des coûts de l’énergie, des céréales et autres dans les produits mis sur le marché.
Une ingérence qui a porté ses fruits : une quarantaine de sociétés ont promis d’appliquer des diminutions de tarifs (de -5 à -7%) et une trentaine d’autres vont suivre ce mouvement. D’où cet appel de l’ULC à Xavier Bettel ou au prochain gouvernement élu cet automne à « exiger des baisses de prix des produits alimentaires ». Pas forcément dans les habitudes nationales, mais qui sait…
3 / Une fiscalité adaptée
Si les paies de ce mois de juillet verront pour la 1ère fois l’application du Crédit d’impôt conjoncture (au bénéfice des revenus versés), l’Union des consommateurs prône une autre voie pour améliorer durablement le pouvoir d’achat des habitants et travailleurs du Grand-Duché. Comme les syndicats OGBL et LCGB, l’ULC insiste pour que le barème fiscal luxembourgeois soit « rapidement et entièrement adapté à l’inflation ».
En effet, si la hausse des prix entraîne l'indexation automatique des salaires, traitements et pensions, les impôts prélevés sur ces rentrées d'argent sont d'autant plus forts que les revenus sont élevés. A terme donc, les salariés ne seraient pas forcément gagnants (au contraire !) dans ce mécanisme.
Ainsi, les tranches indiciaires devraient être relevées au même rythme que tombent indexations. Cela permettrait, au final, de ne pas diminuer le revenu réellement disponible. L'argument avait d'abord été repoussé puis, en partie, entendu par le gouvernement. Ainsi, en 2024, un rattrapage partiel des tranches sera appliqué.
Les syndicats demandaient ce rattrapage à hauteur de 8 index, 4,5 ont été accordés. De quoi toutefois donner une bouffée d'air de quelques centaines d'euros à de nombreux ménages... l'an prochain.
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