L’idée était généreuse : accepter que chacun, au Grand-Duché, puisse donner son avis sur la meilleure façon dont il ou elle envisage l’avenir du système de retraite. Jeunes, seniors, actifs, résidents ou frontaliers avaient ainsi du 4 octobre au 2 décembre dernier pour s’exprimer sur ce sujet que la ministre de la Sécurité sociale qualifie de « crucial ».

Au final, et au vu des 2.026 propositions postées sur le site Schwätz mat! (“on en parle !), Martine Deprez veut voir le verre à moitié plein. Et d’indiquer que cette participation « illustre, à ses yeux, le grand intérêt de la population » sur ce thème. Un positivisme contestable toutefois.

En effet, avec près de 524.000 salariés en poste actuellement (et donc futurs retraités) et près de 160.000 bénéficiaires d’une pension vieillesse versée par la CNAP, on pouvait s’attendre à un plus vaste élan. La consultation doit se contenter de moins d’1% de retours de la part de l’ensemble de cette part de la population concernée par le sujet. Verre plus qu’à moitié vide de ce point de vue donc…

On n’est en tout cas là d’un résultat de masse sur cette réforme comme le demandent les syndicats OGBL et LCGB, via la tenue d’un référendum.

Rendez-vous avant l’été

Qu’importe la faiblesse du volume de suggestions mises en ligne, la ministre Martine Deprez veut y voir « un élément précieux pour continuer à façonner un système de pension durable ». C’est exagéré sans doute, mais l’administration a tout de même tenu à analyser une à une ces contributions pour en dégager les grandes lignes.

Et voici les trois thématiques qui se seraient dégagés :

  1. l’équité – « thème le plus récurrent ». Les internautes ont tenu à marquer leur intérêt pour un système de retraite respectant l’équité intergénérationnelle et l’harmonisation des différents systèmes de retraite (public/privé).
  2. la durabilité – « De nombreux participants demandent des modèles de financement alternatifs incluant des investissements durables et une adaptation des structures de cotisation », indique le ministère de la Sécurité sociale.
  3. l’adaptabilité – Et si l’âge légal de la retraite au Luxembourg tenait plus compte de la pénibilité professionnelle et des situations individuelles de futur-e-s bénéficiaires de la pension ? Voilà là encore un souhait souvent exprimé.

Rien de révolutionnaire au final, ni de précis. Mais voilà, c’est écrit, c’est noté et… passons à autre chose maintenant. En effet, comme cela avait été annoncé, cette consultation ne constitue qu’un « point de départ ». Place à la seconde phase du « processus participatif » engagé par le gouvernement Frieden : le dialogue.

Cette fois, l’oreille va être tendue à « des groupes d’experts ». Dès février, ceux-ci vont être reçus à tour de rôle. L’idée étant maintenant que « d’ici l’été 2025 » (on parlait du printemps au lancement de l’initiative Schwätz mat…), le Gouvernenent dispose « de propositions concrètes (…) d’une base solide pour d’éventuelles mesures de réforme ».

Mais, bon, au vu du caractère hautement sensible, nul ne reprochera aux dirigeants luxembourgeois de se laisser un peu plus de temps pour élaborer des pistes de changement. Si l’évolution du système de pensions vieillesse n’avait pas été au cœur des dernières élections, CSV et DP en ont fait un point essentiel de leur accord de coalition.

Cependant, ni chrétiens-sociaux, ni libéraux n’ont pour l’instant dévoilé quels pourraient être les changements à venir. Tout juste a-t-il été envisagé « la possibilité d’une promotion accrue du 2e et 3e pilier de prévoyance vieillesse, notamment par une amélioration des allégements fiscaux ». On saura donc avant les congés d’été, comment pourraient évoluer les pensions complémentaires financés par les employeurs luxembourgeois ou directement par les salariés. Mais aussi, qui sait, si l’âge légal de départ en retraite ou la durée de cotisation ne vont pas bouger demain…

 

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