Pas d’immunité contre le scepticisme sur les vaccins
Publié
par
Yves Greis
le 16/02/2025 à 11:02
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Ces dernières années, l’attitude des Européens vis-à-vis de la vaccination a évolué. Et plutôt pas en faveur des injections… Ce changement se reflète également parmi la population de la Grande Région. C’est ce qui ressort d’une récente enquête Eurobaromètre.
Ainsi, selon ce sondage, le nombre de Luxembourgeois pensant que les vaccins et la lutte contre les maladies infectieuses amélioreront la vie au cours des vingt prochaines années a chuté de 89% à 75% (entre 2021 et 2024). Dans les pays voisins, l’Allemagne et la Belgique, la situation est très similaire. En France, la perte de confiance n’est pas aussi dramatique, mais les Français étaient moins convaincus de l’effet positif des vaccins auparavant.
Le Dr Gérard Schockmel, spécialiste des maladies infectieuses et député luxembourgeois, se montre prudent dans l'interprétation des chiffres, sans connaître la composition exacte de l'échantillon. Mais il avance toutefois plusieurs explications au fait que de plus en plus de personnes se montrent sceptiques vis-à-vis des vaccins.
Mauvaise communication
Et de critiquer le gouvernement précédent qui aurait commis des erreurs de communication pendant la pandémie Covid. Selon l'infectiologue, les dirigeants du pays et plus généralement de l'Europe auraient dû informer plus tôt - dès la phase de développement - sur les vaccins Covid.
Il estime en outre que les médias sociaux, où les fausses informations peuvent se propager sans vérification, ont leur part de responsabilité. Les campagnes de désinformation (par exemple de la Russie) ont ainsi la partie facile. Par ailleurs, de nombreuses personnes -y compris parmi les personnels soignants- sont adeptes de la naturopathie. Parmi eux, les vaccins sont souvent considérés avec un grand scepticisme, explique le Dr Schockmel.
Les fausses informations (comme le prétendu lien entre vaccination et autisme) ont été vérifiées à plusieurs reprises depuis longtemps et n'ont pas pu être confirmées. « Mais, ces rumeurs persistent pendant des décennies. Presque personne ne lit cette littérature spécialisée qui remet les choses en place », a déplore le scientifiques.
Comment la politique peut-elle faire mieux la prochaine fois ? Pour que le pays ne « reparte pas de zéro » lors d'une future épidémie grave, il est question de créer une loi sur les pandémies, rappelle le Dr Schmockmel. « Maintenant, le gouvernement a décidé de ne pas créer une loi distincte sur les pandémies, mais de l'intégrer dans une loi sur la santé publique. Cela inclut bien sûr la manière de réagir à une pandémie ». Le gouvernement travaillerait actuellement sur un projet de loi en ce sens.
Les vaccins jouent pourtant un rôle important dans notre société. « Nous avons de très nombreux groupes de population vulnérables, rappelle le Dr Schockmel. Nos sociétés occidentales sont des sociétés âgées. La pyramide des âges n'a plus la forme d'une pyramide depuis longtemps. Nous avons aussi beaucoup de personnes souffrant d'une série de maladies chroniques (cœur, poumons, foie...) ». À cela s'ajoute la "pandémie de diabète".
Plus loin que le bout de son nez
« Par ailleurs, nous avons beaucoup de personnes au système immunitaire affaibli ». Il s'agit entre autres de patients atteints de cancer suivant une chimiothérapie et reçoivent des immunosuppresseurs. « En plus, il y a de plus en plus de maladies inflammatoires chroniques, comme l'arthrite». Il n'y a pas de traitement pour celles-ci. Pour soulager les patients, on réprime leur système immunitaire. « Le prix à payer est une sensibilité accrue aux infections. De l'utilité alors de la protection vaccinale».
« Une vaccination c'est comme un médicament. Et il n'y a pas de médicament sans effets secondaires », explique l'ancien chercheur. « Il faut donc toujours peser le pour et le contre (le fameux équilibre "bénéfices-risques"). En cas de pandémie, chacun doit réfléchir plus loin que le bout de son nez. Même les personnes qui ne sont pas directement inquiétées par les conséquences d'une infection doivent s'impliquer dans les campagnes vaccinales. » Avec notamment pour impact de ralentir la circulation du virus dans leur environnement et ainsi protéger des collègues, des amis, des proches vulnérables.
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