Nous pouvons tous sauver des vies
Publié
par
Patrick Jacquemot
le 06/11/2022 à 06:11
« Dans la réalité du don d’organes, tout est affaire de consentement. De la personne d’abord (avant d’avoir été déclarée en état de mort encéphalique), mais aussi souvent de son entourage », rappelle Jorge de Sousa, coordinateur national de LuxTransplant.
Depuis quatorze ans, ce responsable a vu évoluer l’opinion publique sur cette question du don comme de la greffe. Mais aujourd’hui encore, il regrette que « trop peu de personnes fassent la démarche de faire connaître clairement leur intention ». Pourtant rien de plus simple, aussi bien pour les 645 400 habitants du Luxembourg que les 218 000 frontaliers qui y travaillent.
« Déjà, il faut en parler autour de soi. Et signaler à ses proches ce que l’on désirerait si… » Car dans bien des situations, c’est vers la famille que se retournera l’équipe médicale pour savoir ce qu’il est envisageable de faire.
Ensuite, au Grand-Duché, comme en France ou en Belgique, il est possible de se faire enregistrer auprès d’une agence nationale du don. « L’idéal alors c’est de demander sa carte de donneur, son “Passeport de vie” et de garder ce document toujours sur soi. »
Retrouver ce type de carte facilement sur la personne défunte permettra d’entamer ou non une démarche de prélèvement ou d’envisager une greffe.
Au Grand-Duché, voilà déjà quatre décennies qu’il est possible de disposer de ce “Passeport”. Près de 400.000 pièces ont été distribuées. Mais ce n’est encore que trop rarement que les secours arrivent à repérer la carte dans le porte-feuille d’un accidenté, par exemple, décédé sur la route.
Ces dernières années, la question du consentement a aussi pris une forme électronique. Cela via le Dossier de soins partagé (DSP) attribué à chaque assuré de la Caisse nationale de santé. « A priori, chacun est renseigné comme favorable au don. Aussi, j’invite tout le monde a bien validé son statut en consultant son DSP ».
Récemment, Claude Haagen (ministre de la Sécurité sociale) a fait savoir que sur les quelque 867.000 dossiers de soins partagés actifs, seuls 3% des titulaires avaient clairement signifié un refus de don d’organes.
« On pourrait donc croire que les 97 autres pourcents y sont donc favorables… Mais impossible de s’en assurer. » Il serait donc utile que chacun complète cette disposition pour assurer plus de rapidité dans les démarches de prélèvement/greffe potentiellement envisageables.
Au cas par cas
• Pour un Luxembourgeois : la loi précise que pour devenir donneur , il faut posséder son domicile légal dans le pays.
• Pour un Français : si un frontalier vient à être reconnu comme donneur potentiel sur le territoire luxembourg, un appel sera d’abord donné à l’Agence de biomédecine de Paris. C’est elle qui gère le fichier hexagonal.
« On lui demandera si elle a connaissance d’une opposition officiellement formulée », note Jorge de Sousa. Mais dans tous les cas, avant que les chirurgiens n’entrent en action, l’avis de la famille sera consulté si doute.
• Pour un Belge : là aussi, il existe un registre à l’échelle de la Belgique. Une liste mieux documentée car en Belgique, il est indispensable de faire part de sa volonté sur ce sujet. « En cinq minutes, cela peut donc être clarifié. Ce qui est un gain de temps formidable quand il est question de sauver des vies ! »
• Pour un Allemand : S’il existe bien une fondation référente, la DSO (Deutsche Stiftung für Organspende), les autorités luxembourgeoises préfèrent obtenir un accord signé des familles. « En terme de droit, cela couvre entièrement le coordinateur et l’équipe médicale. »
Et puis après ?
Depuis 2010, le Luxembourg ne pratique plus de transplantation d’organes. Ni dans l’urgence, ni pour des pathologies lentes. Par contre, les spécialistes ont toutes les facultés pour prélever et conserver les organes et tissus possiblement utiles à une greffe.
« En fait, le Grand-Duché fait partie d’un réseau de huit pays qui communique en permanence sur leur nombre de patients en attente de greffes et les organes éventuellemennt disponibles », indique le coordinateur national
Ainsi, les parties prélevées ici peuvent être “expédiées” au plus vite vers des hôpitaux des trois pays voisins (Fr, Be, De) mais aussi en Autriche, Slovénie, Croatie, Hongrie ou Pays-Bas. Cette solidarité permet donc notamment aux patients luxembourgeois en attente de greffe d’être pris en charge à l’étranger si une possibilité se présente.
En 2021, il n’y a eu au Luxembourg que 2 prélèvements multi-organes et 3 autres dons. Cinq gestes qui ont tous permis des greffes bénéfiques.
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