Une récente initiative de recherche de l’Autorité européenne de la sécurité des aliments (EFSA) Horizon 2020, HBM4EU , a mesuré des produits chimiques dans le corps des personnes en Europe et détecté du BPA dans l’urine de 92 % des participants adultes de 11 pays européens. Cette étude montre que les niveaux mesurés dépassent les seuils de sécurité européens récemment révisés, ce qui soulève des préoccupations à long terme pour la santé de tous.

Pour rappel, en avril 2023, l’EFSA a réduit son évaluation de la dose journalière tolérable (DJT) de BPA de 4 microgrammes par kilo de poids corporel par jour à 0,2 nanogrammes. Une recommandation 20.000 fois inférieure à la précédente.

Concrètement le BPA, c’est quoi ?

Le BPA est un composé chimique utilisé pour la synthèse de plastiques et de résines servant à la fabrication de nombreux produits de la vie quotidienne, alimentaires ou pas. Il a la capacité de migrer de ses contenants vers l’aliment ou la boisson qui est à son contact, pouvant ainsi être ingéré par l’organisme humain.

Il est classé comme produit chimique dangereux par l’Union Européenne en raison de sa capacité à nuire à la fertilité et à provoquer de graves lésions oculaires, des réactions allergiques cutanées ou encore des irritations respiratoires. Il est considéré comme un perturbateur endocrinien ayant un impact négatif sur le fonctionnement normal du système hormonal, jusqu’à affecter la fonction reproductive, le développement des glandes mammaires, la fonction cognitive et le métabolisme, et ce, à des doses très faibles.

En raison de son utilisation généralisée, la grande majorité, sinon la totalité des Européens est exposée au BPA. Dans son classement parmi 11 pays (dont la Suisse), l’étude révèle que 100 % des français et des luxembourgeois y sont exposés, contre 83 % des allemands. La Belgique ne figure pas parmi les pays participants à l’étude.

 

Quelles sont les mesures pour s’en protéger ?

Le BPA migre davantage à partir des récipients d’aliments et de boissons s’ils sont chauds ou bouillants, c’est pourquoi il est important de suivre les instructions spécifiques figurant sur chaque récipient. L’EFSA préconise par ailleurs de réduire son exposition au BPA en adoptant quelques gestes utiles :

  • Éviter d’utiliser des récipients en polycarbonate pour les aliments ou les boissons chaudes et éviter de mettre les aliments au micro-ondes dans des récipients en plastique.
  • Ne pas utiliser de récipients alimentaires en plastique abîmés. Si les récipients alimentaires ou bouteilles sont rayés ou endommagés à l’intérieur, du BPA peut être libéré dans les aliments ou le liquide.
  • Limiter la consommation d’aliments en conserve.
  • Éviter de toucher les tickets de caisse en papier thermique, car le BPA peut se retrouver sur les mains.

L’EFSA rappelle que tout consommateur est en droit de demander au fournisseur de tout produit s’il contient du BPA dans une concentration supérieure à 0,1 % et qu’une réponse doit être apportée dans les 45 jours suivant la demande, tout comme les informations permettant d’utiliser le produit en toute sécurité.

Que fait l’Union européenne ?

La France a déjà, en juillet 2010, suspendu la commercialisation des biberons au bisphénol. Cette mesure a ensuite été étendue à toute l’Union européenne en janvier 2011 par une directive européenne, appliquée depuis le 1er juin 2011.

Une loi du 24 décembre 2012 a par ailleurs proscrit le BPA dans les contenants destinés à des enfants de moins de trois ans. Le texte a également étendu cette interdiction aux collerettes de tétines et de sucettes et aux anneaux de dentition pour bébés contenant ce produit. Toutes ces mesures ont aussi été étendues au niveau européen.

Toujours en France, dès le 1er janvier 2015, l’interdiction nationale devait être généralisée aux conditionnements entrant directement en contact avec les denrées alimentaires. Pourtant, une décision du Conseil Constitutionnel datant du 17 septembre 2015 a conduit à exclure de la loi la suspension de leur fabrication et de leur exportation.

L’utilisation du BPA reste donc autorisée mais limitée dans les matériaux qui entrent en contact avec les aliments, et également avec les jouets destinés aux enfants de moins de 3 ans et tout jouet pouvant être porté à la bouche des enfants.

Depuis 2020, l’utilisation de ce perturbateur endocrinien a aussi été limitée dans le papier thermique utilisé dans les tickets de caisse pour protéger les professionnels qui sont en contact régulier avec ces produits. Des études sont en cours pour étudier la sécurité du bisphénol S (BPS) pour remplacer le BPA.

 

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