Des températures qui retrouvent des normales de saison. Un soleil un peu moins timides. Les plages du Luxembourg avaient tout pour attirer du monde. Sauf que voilà les vilaines algues bleues (vertes à l’œil en réalité) qui refont parler d’elles. Et parmi les habitués des étangs de Remerschen (à Schengen) au lac d’Echternach en passant par les deux plans d’eau de Weiswampach, on tremble déjà.

En effet, l’Administration de la gestion de l’eau a depuis ce mercredi 17 juillet, interdit tout plongeon depuis la plage Rommwiss au lac de la Haute-Sûre. En cause : une « prolifération importante de cyanobactéries », phénomène entraînant des risques pour la santé des humains et des chiens notamment. Pas question de plaisanter avec ces micro-organismes maintenant, comme les étés passés.

Cependant, même pour un spécialiste comme Jean-Baptiste Burnet, il est étonnant d’être impacté si tôt dans l’année par ces algues… « Disons que c’est une demi-surprise. Car une des possibilités pour expliquer cette prolifération tient peut-être dans l’hiver doux et le printemps humide et le début d’été semblable que nous avons eus. Il se peut que ces pluies aient entrainé vers le lac des eaux de ruissellement chargées en nutriments pour les cyanobactéries. Elles ont donc bien passé la période froide et se sont réactivées plus vite grâce aux nitrate, azote et phosphore reçus. »

Un impact à ne pas minimiser

Au-delà donc de l’ensoleillement ou de températures chaudes, les “blooms” sont ainsi réapparus plus précocement au Lac de Haute-Sûre. « Mais si l’apport de nutriments en excès par rapport au milieu habituel a pu entraîner cette efflorescence, rien ne dit qu’il va y en avoir partout. Ni sur le lac, ni sur les quatre autres points de baignade du pays que nous surveillons régulièrement », note le microbiologiste du Luxembourg Institute of Science & Technology (LIST).

Mais l’alerte va entraîner des contrôles plus fréquents. De deux prélèvements par mois, les équipes du LIST vont passer à un par semaine. « Sachant que nous disposons aussi d’outils de surveillance automatisée (sondes) qui permettent de disposer de données quasi-constantes. Un suivi technologique qui vient s’ajouter à la vigilance humaine. »

En effet, chacun peut contribuer à signaler la présence éventuelle d’algues bleues ici ou là. Que ce soit au Luxembourg ou plus généralement d’ailleurs sur toute la Grande Région, cela peut se faire via l’appli Bloomin’Algae. Un soutien facile et qui s’avère précieux pour Jean-Baptiste Brunet et les autres scientifiques en charge du suivi des cyanobactéries : « Ces renseignements peuvent nous indiquer l’apparition d’un bloom sur un point qui nous a échappé. Ce n’est pas juste pour aider les scientifiques mais bien pour éviter des problèmes de santé qui peuvent tous nous impacter ».

Car sitôt que les équipes du List détecte une trop forte concentration de cyanobactéries (4 mg/litre), l’Administration de la gestion de l’eau (AGE) décide immédiatement d’interdire tel lieu à la baignade. Car toucher ou -pire encore- avaler ce type d’algues peut s’avérer mortel.

« Le risque de décès est infime chez l’homme, reconnait le Lead R&T scientist. La plupart du temps, les conséquences se limitent à des démangeaisons ou des problèmes gastriques. Mais l’impact est souvent minimisé car des personnes malades ne vont pas faire le rapprochement avec ce moment agréable qu’a été la baignade… et les médecins s’attacher à résoudre le mal sans en rechercher véritablement la source ».

🛑 Reste que le chercheur met en garde sur la nécessité de respecter les interdictions de l’AGE. Particulièrement pour les personnes fragiles, femmes enceintes et enfants. Des catégories sur lesquelles la contamination de l’organisme par les cyanobactéries peut aller bien au-delà d’une peau qui gratte ou de simples vomissements.

Même restriction d’ailleurs pour les 🐶animaux de compagnie. Si l’Homme ne doit plonger et nager dans les eaux “contaminées” (ni même 🎣pêcher ou y pratiquer un sport nautique🚣), les toutous ne doivent pas s’abreuver dans ces endroits. « Il n’est ainsi pas rare que l’on signale un chien décédé après avoir lapé une eau qui contenait des algues bleues... », rappelle le chercheur du LIST.

 

Suivez aussi nos actualités sur Instagram