Abséntéisme. Au Luxembourg, cette notion constitue un vaste fourre-tout. Ainsi, pêle-mêle, derrière ce terme l’administration mélange les mamans en congé de maternité, les adultes en congé parental mais aussi les accidentés ou les malades en arrêt de travail. Cela en fait du monde donc… Et même de plus en plus de monde !

Ainsi, petit à petit, le taux d’absentéisme grimpe comme une vilaine fièvre au pays. En 2019, ce taux était de 3,9% (3,9 jours d’absences sur 100 j de travail), en 2023 le ratio affichait 4,5%. Une tendance qui irrite fortement les chefs d’entreprise (qui peinent à organiser le travail et payent une partie du salaire des “arrêté-e-s”) mais aussi l’État. En effet, derrière chacun de ces motifs se cache une dépense d’argent public… Au final, l’absentéisme coûterait ainsi plus d’un milliard d’euros à la société luxembourgeoise.

Et comme l’Accord de coalition le laissait prévoir, la ministre de la Sécurité vient de confirmer qu’un “groupe de travail Absentéisme” était « sur le point de se mettre en place ». Selon Martine Deprez, ce comité devra « analyser la nécessité d’ajuster le dispositif existant, voire pousser des études plus
approfondies pour détecter les raisons de l’augmentation du taux d’absentéisme pour cause de maladie et, surtout, les cas de maladies de courte durée ».

27% et un bémol…

Et nul doute que les partenaires réunis dans ce groupe ne manqueront pas sur 62 pages particulièrement instructives. Celles du Rapport sur les composantes du taux d’absentéisme au travail publié fin 2024 par l’Inspection générale de la Sécurité Sociale.

Un document où l’on apprend, par exemple, que ce sont les assurées hommes qui sont le plus souvent absents pour cause de maladie (57%) que les femmes (43%). Que les célibataires sont plus assidus que les marié-e-s. Que c’est dans les sociétés comptant entre 501 et 1.500 employés que l’on compte le plus de personnes malades au fil des mois. Ou que, pour 2023 en tous cas, c’est octobre qui enregistre un pic des arrêts pour raisons de santé.

Parmi les dizaines de données, il en est une pointant l’origine des salariés les plus fréquemment absents en raison d’un vilain virus, d’une infection, etc. Et là, ce sont les Français qui “gagnent”. Ainsi, les frontaliers habitant dans l’Hexagone représentent 🇫🇷27% des arrêts maladies.

Mais que les "anti-franséisch" rengainent leurs critiques spontanées. En effet, ce chiffre est aussi à mettre au prorata du nombre de frontaliers parmi la population des 505.000 actifs assurés au Luxembourg.

Et là, après pondération on s'aperçoit que le ratio correspondant à cette autre réalité : les Français représentent 1/4 des effectifs et, seulement, un peu plus des arrêts. Rien de scandaleux donc !

Il faudra donc chercher ailleurs que dans la nationalité la cause des arrêts et des éventuels abus. Mais déjà en multipliant les inspections, la Caisse nationale de santé compte bien agir pour une réduction de l'absentéisme.

S'il est renforcé en effectif, le Contrôle médical de la Sécurité sociale pourrait lui aussi avoir un rôle à jouer dans ce "combat". En effet, l'organisme procédant à l'appréciation des états de maladie en convoquant les assurés en fonction du nombre de journées en congé de maladie peut estimer qu'untel ou une telle est apte à reprendre le travail avant la date fixée par son arrêt.

Ainsi, entre 10 et 14% des personnes passant devant le médecin-conseil sont invités à retrouver leur poste plus tôt qu'elles ne l'avaient sans doute prévu. Un avis qui peut toutefois être contesté.

 


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